Le blog des éditions Libertalia

Les Prédateurs du béton dans La Décroissance

samedi 8 février 2014 :: Permalien

Parmi les nombreuses recensions des Prédateurs du béton parues ces dernières semaines, il y eut celle-ci, proposée par La Décroissance dans son numéro de novembre, d’autant plus intéressante qu’elle est critique.

Béton armé

« Vinci, dégage ! Résistance et sabotage ! » Nicolas de la Casinière a déjà entendu ce slogan résonner dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes. Ce journaliste nantais, qui publie l’excellent irrégulomadaire La Lettre à Lulu, livre avec Les Prédateurs du béton une enquête à charge contre le troisième groupe mondial de BTP. Dans ce court texte, on lit que la firme qui déroule aéroports, autoroutes, ponts, tunnels, lignes à grande vitesse, stades, parkings, centrales nucléaires, réseaux d’eau, etc., a pour ancêtre des colonialistes, profiteurs de guerre et autres collabos. Que derrière les discours de communication vantant la « responsabilité sociale » de l’entreprise et ses « pratiques d’écoconception », il y a non seulement de la nature détruite, mais aussi du travail précaire, des ouvriers sous-payés, des accidents du travail cachés, de la violence policière dans la forêt de Rohanne comme dans la forêt russe de Khimki. « Les vraies réussites sont celles que l’on partage », ironise le généreux mécène de la Fondation Nicolas Hulot. Là où l’ouvrage pèche, c’est quand il évoque des pistes pour sortir de l’emprise de Vinci : « Démonter le fonctionnement de ce mastodonte, mettre fin aux délégations de service public, couper court aux marchés de dupes des partenariats public-privé, voilà déjà quelques chantiers collectifs dont les profits seraient cette fois collectifs et vraiment partagés. » Mais pour vraiment se libérer de tout « racketeur de péages d’autoroutes ou de parkings » qui siphonne « tant les automobilistes que l’État », il faudrait peut-être commencer par déserter les autoroutes et les parkings... Un parc automobile français qui ne cesse de gonfler pour dépasser les 38 millions d’unités aujourd’hui nécessite une infrastructure gigantesque et des grands travaux prédateurs. Peu importe que le béton soit coulé par une multinationale exécrable ou une entreprise publique conduite par des techniciens d’État philanthropes (polytechniciens et autres ingénieurs ponts et chaussées qui sont de toutes façons déjà à la tête des Vinci et consorts). La méchante oligarchie ne serait rien sans les « usagers » qui la servent. Encore un petit effort : après « Vinci dégage », « les bagnoles à la casse » !

P.T.