Le blog des éditions Libertalia

Benjamin Péret, dans Le Monde

mercredi 30 novembre 2016 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans Le Monde, du 25 novembre 2016.

Une biographie consacrée à Benjamin Péret (1899-1959), l’un des principaux acteurs des mouvements d’avant-garde du XXe siècle, de Dada au surréalisme.

« La place de Péret était généralement située dans les notes de bas de page », écrit Barthélémy Schwartz à propos des histoires du surréalisme. Il s’est donc résolu à consacrer un livre à Benjamin Péret (1899-1959), initiative hautement louable. Et difficile. Car il faut s’attacher aux Péret successifs ou simultanés : le provocateur de Dada et le codirecteur de la revue La Révolution surréaliste en 1924, le poète de la colère politique et celui de la passion amoureuse, le militant qui a combattu le franquisme, l’anthropologue qui a étudié les religions indiennes d’Amérique latine, l’ami d’André Breton et d’Yves Tanguy, l’anticlérical féroce et l’antistalinien, l’écrivain célèbre qui gagnait mal sa vie comme correcteur. Lui-même cloisonnait ses activités. La police des États-Unis l’interdit de séjour sur le territoire américain, celle du Brésil l’expulsa du pays en 1931 et celle de la IIIe République mourante l’incarcéra en mai 1940. On lui doit l’une des réflexions les plus précises sur le mythe du « sauvage » dont le primitivisme s’est grisé au XXe siècle et les satires de son recueil Je ne mange pas de ce pain-là, paru en 1936, sonnent particulièrement haut aujourd’hui. Breton a défini le surréalisme ainsi : « C’est la beauté de Benjamin Péret écoutant prononcer les mots de famille, de religion et de patrie. »

Philippe Dagen