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L’Abolition de la prison dans Le Canard enchaîné

mercredi 26 juin 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans Le Canard enchaîné, 26 juin 2019.

Ténor des barreaux

Il a 80 ans, a passé plus de dix ans en prison et n’a jamais cessé de se rebeller. D’abord contre sa « famille d’aristos bretons », quand Jacques Lesage de La Haye, 18 ans à peine, se lance dans « pas mal de braquages et autres vols ». En taule, révolté contre tant de bêtise et de cruauté, il organise des mutineries. Et celui qui ne s’est jamais renié est devenu un nom mythique des luttes contre l’enfermement, commencées en très bonne compagnie : Michel Foucault, Daniel Defert, Gilles Deleuze, Pierre Vidal-Naquet, Serge Livrozet.

Ensemble, ils fondent le célèbre Groupe d’information sur les prisons (GIP), suivi du Comité d’action des prisonniers (CAP). À sa sortie, Lesage devient thérapeute, psychanalyste, auteur de plusieurs ouvrages, mais il n’abandonne rien. Avec Nicole, son épouse, tout aussi révoltée que lui et qui l’a toujours secondé, aidé, soutenu, ils forment un couple d’anars détonnants et, bien sûr, militants. Depuis 1989, sans jamais faillir, ils animent tous les mercredis, sur Radio Libertaire, l’émission « Ras les murs », à destination des prisonniers et de leurs proches.
Jacques revient maintenant avec le son vœu le plus cher : la fin des cellules, pour laquelle il n’a cessé de ferrailler. La prison, dit-il, ne sert à rien, il n’y a qu’à voir les taux de récidive et, « si l’on devait l’analyser à l’aune de son efficacité, elle disparaîtrait immédiatement ». Il prône la justice « réparatrice », dont avec d’autres il a fondé l’association, à base de médiation entre le fautif et sa victime. Un concept de plus en plus pris au sérieux en France et possible, nous dit Lesage, pour la plupart des détenus. Et pour nos courageux décideurs ?

Dominique Simonnot