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Le Roi Arthur sur Comic Box

jeudi 6 avril 2017 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Sur le site Comic Box, le 10 décembre 2016

Alors que les fêtes approchent et que vous êtes, peut-être, à l’affut d’idées de cadeaux (pour les autres ou pour vous-mêmes), nous allons passer en revue quelques livres dont la lecture est chaudement recommandée, livres qui, pour certains, ont peut-être échappés à votre vigilance. Le Roi Arthur, un mythe contemporain, de William Blanc, entre peut-être dans cette catégorie. Sous une austère couverture, l’ouvrage décrypte en effet la légende du Roi Arthur. Quel est le rapport avec les comics ? Ah mais justement… Cela a tout à voir.
William Blanc est un historien. Un médiéviste plus spécialement, qui, le titre de son dernier ouvrage en témoigne, s’intéresse à la figure du roi Arthur. Cela n’a rien d’étonnant. En un sens, il serait plus rapide de faire la liste de ceux qui ne s’intéressent PAS, sous une forme ou une autre, au roi Arthur et à ses chevaliers de la Table ronde. Parce que vous en consommez du roi Arthur, que ce soit dans Star Wars ou, de façon plus clairement avouée, dans Kaamelott. Oui, bien sûr, il y a l’existence du monomythe de Campbell pour nous dire que tout se rejoint, que tout ça c’est une infinité de masques pour un même mécanisme. Mais le médiéviste s’est réellement intéressé à la manière dont le monde contemporain s’est réapproprié l’image d’Arthur. Et là vous allez me dire : « OK, d’accord, c’est bien sympathique tout ça, mais je venais sur www.comicbox.com pour y trouver ma ration de discussions sur les comics, il est sans doute bien sympathique ce William Blanc, mais qu’est-ce que cela peut avoir à voir avec notre thème ? »
Il faut dire qu’être médiéviste n’empêche pas, par ailleurs, d’être un fana de culture populaire en général et de comics en particulier. Si bien que lorsqu’il décortique l’héritage de Camelot, de son roi et de ses chevaliers William Blanc peuple son propos de nombreuses références à des séries TV, à des films, oui, mais aussi, longuement, à des comics. Et pas simplement un épisode de Superman croisant le roi Arthur histoire de faire la blague, non. Tout au long du livre, les comics sont évoqués très régulièrement, tandis que l’historien évoque les liens parfois évidents (mais parfois plus discrets), ouvertement à quel point ils sont, ou pas, les héritiers modernes du Roi Arthur. Ce à quoi William Blanc répond oui, au terme de sa démonstration aussi documentée qu’intéressante. Et si vous cherchez le lien entre la Ngure du roi Arthur et Wonder Woman, Sub-Mariner, Red Sonja ou les EC Comics, l’explication se cache aussi quelque part, parmi ces 580 pages…
Le Roi Arthur, un mythe contemporain n’est pas un livre sur les comics. Tout est brassé, cinéma de genre, séries TV comme Buffy et Xena. Aussi les monomaniaques des comic-books pourraient être réticents à acheter un livre en pensant que seule une partie des pages leur « parlera ». Mais ce serait se tromper. Bon, bien sûr, si vous êtes allergique à l’Histoire, c’est mal barré, c’est certain, il y a un fond historique bien présent. Et effectivement on trouve des parties (d’ailleurs illustrées de pages variées, aussi bien tirées des Captain America et des Avengers de Jack Kirby que des Excalibur d’Alan Davis ou les Camelot 3 000 de Brian Bolland) qui lorgnent plus spécialement sur la BD américaine.
De là à penser que le reste ne « nous » concerne pas, ce serait une lourde erreur. En gros les passages sur les comics expliquent en quoi ils sont pertinents dans le mythe arthurien. Mais les autres pages tiennent un propos réciproque. C’est-à-dire qu’en les lisant on comprend mieux les racines de certains épisodes. William Blanc brasse toutes les formes qui descendent d’Arthur, Merlin et des autres, via les comics (et le cinéma, et la TV, et les romans…). Son utilisation des comics n’est pas un simple alibi greffé là pour surfer sur une tendance, il y a une compréhension fondamentale de ces divers mondes, de ces différents supports, sans jamais les prendre de haut, de façon condescendante. Bien souvent, c’est le contraire, l’auteur soulignant que la portée épique des récits est tout aussi valable, mais qu’ils ont été bien trop souvent méprisés par une certaine « intelligentsia ».

Xavier Fournier