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Mon histoire de Rosa Parks dans La Révolution prolétarienne

mercredi 12 juin 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans La Révolution prolétarienne (juin 2019)

Personnage dont le nom est connu comme un symbole des luttes pour les droits civiques aux États-Unis, Rosa Parks (1913-2005) avait publié ses mémoires en 1992 aux États-Unis. Elles sont enfin traduites en français dans une édition soignée (préface, appareil critique, illustrations, chronologie, index) en poche à un prix accessible. On y suit son parcours de son enfance et de sa jeunesse dans l’Alabama jusqu’à Détroit en passant par l’épisode qui l’a rendue célèbre, le boycott des bus de Montgomery.
Révoltée dès sa jeunesse par le sort réservé aux Africains-Américains, elle veut changer les choses et, pour cela, « il fallait que nous ayons de plus en plus de Blancs pour y arriver ». Ce qu’elle réclame avant tout, c’est le respect et l’égalité de traitement entre Blancs et Noirs pour être considérée comme « une personne normale ». Dans son histoire personnelle, on voit d’ailleurs que ces notions sont avant tout construites socialement car elle a elle-même des ascendants « blancs » : le père de son grand-père était un soldat yankee venu dans le Sud pendant la guerre de Sécession tandis que la grand-mère de son père était une métisse avec du sang indien.
En 1932, Rosa McCauley – son nom de jeune fille – épouse Raymond Parks, barbier de profession et courageux activiste de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) dans une période où militer expose à un danger mortel face aux membres du Ku Klux Klan. Avec lui, elle s’engage en faveur des Scottsboro Boys, neuf jeunes noirs qui ne se connaissaient pas avant leur arrestation pour le viol de deux femmes blanches. En 1943, elle devient secrétaire du comité local du NAACP et entame un combat pour son inscription sur les listes électorales qui aboutira deux ans plus tard. En 1949, elle devient conseillère.de la section jeunesse du NAACP et, en 1955, elle rencontre pour la première fois Martin Luther King Jr. C’est le 1er décembre de cette année-là qu’elle est arrêtée par la police pour ne pas avoir donné sa place à un Blanc dans un bus de Montgomery. Reconnue coupable quelques jours plus tard, le soutien s’organise en sa faveur autour d’un boycott des bus de la ville, majoritairement fréquenté par les Noirs, qui va durer durant plus de 300 jours. En novembre 1956, la ségrégation dans les bus est déclarée anticonstitutionnelle par la Cour suprême. L’année suivante, Rosa Parks déménage à Détroit. Durant les années 1960, elle participe aux grandes marches pour les droits civiques (Washington, 1963 ; Selma-Montgomery, 1965). De 1965 à sa retraite en 1988, elle travaille pour le représentant démocrate noir de Détroit au Congrès, John Conyers. Voilà, résumé en quelques dates, quel a été l’itinéraire d’une personne ordinaire dont l’action provoqua des changements de fond que d’aucuns auraient jugé extraordinaires à l’époque où la ségrégation était la norme dans les États du Sud.
Au-delà des images d’Épinal et des hommages unanimistes, cette autobiographie donne une épaisseur humaine à un nom souvent mythifié en rappelant avant tout le caractère universaliste de son combat.

Louis Sarlin