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Les Cahiers Armand Gatti, dans L’Humanité

jeudi 12 novembre 2015 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Dans la chronique théâtre de Jean-Pierre Léonardini, L’Humanité, 21 septembre 2015

Toutes les racines de l’homme-arbre

Le numéro double 5/6 de la revue annuelle AG, cahiers Armand Gatti traite de ses rapports avec les arts : la peinture, la musique, la danse, le théâtre évidemment, le cinéma, sans omettre les arts dits martiaux, le kung-fu essentiellement, dont il use sur scène à la lumière du tao, jumelé chez lui à la théorie du quanta. L’ensemble de ce fort volume abondamment illustré de documents d’archives, conçu et réalisé avec un soin typographique digne d’éloge, constitue une somme magistrale sur l’aventure de création et de vie d’un stentor fraternel qui n’a jamais cessé d’être en mouvement à partir de ce qu’il nomme « la traversée des langages », au cours de laquelle il inclut dans son chant poétique – où se mêlent inextricablement le passé, le présent, le futur – la philosophie et la science, le tout sous le signe de l’expérience vécue, depuis sa naissance en passant par le maquis, les camps et, à travers le monde, tout ce qui, ici et là, a trait aux convulsions historiques, infiniment pensées et traduites selon un « principe d’espérance » d’ordre quasi prophétique.
Catherine Brun et Olivier Neveux, qui ont dirigé la publication, l’ouvrent avec un texte éclairant. « L’œuvre de Gatti nous importe », affirment-ils, car « elle n’ignore aucun des espaces de lutte de notre temps, de la Commune aux guérillas sud-américaines, du spartakisme à la révolution cubaine, des mouvements anarchistes russe à la Longue Marche, de la guerre d’Espagne à la mobilisation de l’IRA, de résistance en résistance, de catastrophe en catastrophe, aussi, toujours, inévitablement : c’est de cette fosse-là qu’elle vient, de cet enclos qu’elle sort ». Impossible de recenser dans le détail un massif de réflexions aussi important. On se borne à signaler quelques éléments. Par exemple, ce texte magnifique d’Hélène Chatelain, « L’insurrection de l’esprit », à partir de la figure du poète Vélimir Khlebnikov ; un entretien avec les frères Dardenne ; « Armand Gatti cinéaste », par Thomas Voltzenlogel ; « Armand Gatti, un portrait cubiste », par Marie-José Sirach ; « Pourquoi j’aime Gatti », par Daniel Bensaïd… La nomenclature n’est pas limitative. Chaque contribution ici enseigne, exalte, incite à l’amicalité et à la gratitude, à la haute échelle de Gatti.

Jean-Pierre Léonardini