Le blog des éditions Libertalia

Extension d’inCRAcération…

jeudi 11 décembre 2008 :: Permalien

Décidément, leur cynisme n’a pas de bornes… Preuve en est ce dernier clin d’œil obscène du 9 décembre : l’adoption de la directive retour, ou plutôt de la directive de la honte pour reprendre ce vocable militant qui nous convient mieux, par le Conseil des ministres européens… du transport ! Vous me direz, au moins, cette fois les choses sont claires : les immigrés sont de la chair à charters, un point c’est tout. Et pourtant, à cynisme, cynisme et demi : quid des ministres de la Construction ? Car si l’expulsion aérienne est bien la fin de la chaîne, l’étape de la rétention n’est pas à oublier. Et qui dit rétention dit bien sûr lieu d’enfermement, d’autant plus que la directive prévoit notamment que la durée de rétention maximum sera dorénavant de 18 mois, contre 32 jours en France auparavant. Alors pourquoi n’y a-t-il pas eu de rencontre des ministres de la Construction, voire une simple réunion avec des dirigeants des grands groupes industriels du bâtiment, histoire de se répartir un peu le travail. À moins que personne ne veuille monter des murs pour les voir brûler quelques semaines ou mois plus tard… Car c’est vrai que les centres de rétention administrative – c’est tellement administratif une prison - ont tendance à s’enflammer en ce moment, en France tout du moins. En même temps, quelle opportunité pour les entreprises du bâtiment menacées par la crise économique actuelle : chaque CRA qui crame, c’est un CRA à reconstruire, et avec l’allongement de la durée de rétention, va y avoir du boulot et donc du fric à se faire. Surtout s’ils font construire tout ça par des sans-papiers comme en août dernier où les médias ébahis – quelle candeur – découvraient avec stupeur que l’extension du CRA du Mesnil-Amelot était construite par… des travailleurs sans papiers. Et pour boucler la boucle, deux trois réunions des ministres de l’Économie et de l’Industrie devraient permettre de parfaire la gestion de la main-d’œuvre immigrée dans les restaurants des Champs-Élysées. En fin de compte, elle est belle l’immigration choisie, non ? Un petit arrière-goût de traite des Noirs, où les cales de navires se retrouvent dans des avions, les entrepôts d’esclaves en CRA et les marchés d’esclaves en boîtes d’intérim… Attention, pas d’exagération, on ne compare pas l’incomparable, les droits de l’homme sont passés par là ! Merde, désolé, j’avais pas remarqué… Alors c’est donc ça les droits de l’homme ! Je comprends mieux pourquoi la France en est la patrie ! Les témoignages du livre Feu au centre de rétention m’avaient bien mis la puce à l’oreille : les droits de l’homme, c’est pas fait pour les chiens, c’est fait pour qu’on puisse pas dire que nos dirigeants sont des assassins. Dis papa, c’est ça la lutte des CRAsses ?

F.S.