Le blog des éditions Libertalia

Les Rois du rock dans le Canard enchaîné

mercredi 15 mai 2013 :: Permalien

Le Canard enchaîné de ce mercredi 15 mai 2013 caquette sur Les Rois du rock de Thierry Pelletier.

De drôles d’enfants

C’est un petit ouvrage sans prétention composé de très courts textes – une bonne vingtaine – et de photographies vieillottes sur lesquelles des gamins à banane exhibent leurs coquards ou leurs guitares.

Un livre réjouissant, qui sent bon la bière Valstar, la sueur des pogos et les arrière-salles enfumées de troquets à l’ancienne. Son auteur, Thierry Pelletier, est un vieux routier de la scène alternative parisienne des années 80. Il a écumé les concerts énervés, les manifs tendues, les bastons et les squats – son curriculum vitae à lui. Au fil des pages, il dévide ses souvenirs, empile les portraits des ses camarades d’antan – les rois déglingués du pavé parisien, abonnés aux embrouilles et à la dope, obsédés par la bonne tenue de ce «  conglomérat capillaire tarabiscoté qui fait rire les gens raisonnables  ». «  Nous étions de drôles d’enfants  », écrit-il. Pas faux.

« Les rois du rock » ne sont en rien réservés aux initiés. Même si l’on n’a jamais porté la fameuse banane ou le perfecto, même si l’on ne connaît fichtre pas la différence entre teddy boys et mods, on peut les apprécier. Voire les dévorer d’une traite. Car Thierry Pelletier a une belle plume, un bagout stylistique qui fait mouche à chaque page, qu’il conte la triste fin d’un camarade cancéreux ou une difficile nuit d’amour sous LSD. Loin des clichés rebattus et du fétichisme rock’n’roll, il dresse le portrait d’une jeunesse aussi touchante que paumée, et qui cherche avant tout à se marrer. « Dans les concerts, on chopait plus facilement des mandales que des princesses », lâche-t-il, pince-sans-rire. Ou bien : « On ne rigole pas avec l’honneur après onze mousses. »

Nulle gloriole dans ces récits, nulle pose. Pelletier ne se la joue pas ancien combattant ou encyclopédiste pédant. Il raconte simplement « cette longue errance », nourrie d’excès qu’il ne renie aucunement : « Ils font partie du cheminement (…) qui m’a construit et a nourri ma curiosité, mon esprit. » Une école de la vie qui en vaut d’autres. Après tout, «  rocker, c’est un boulot pas évident, quasiment un sacerdoce  ».

Émilien Bernard