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jeudi 11 novembre 2021 :: Permalien
Publié dans L’Obs, le 28 octobre 2021.
S’il est encore des indécis face à « l’ubérisation » du monde, voici un livre où le réel s’impose crûment : le livreur de baguettes à vélo sur le palier en dix minutes, le chauffeur de Sorry We Missed You (Ken Loach, 2019) et le correcteur : même combat. Le mal s’observe dans l’édition surtout car la presse écrite garde en ses murs les cassetins, précieux gardiens du fond et de la forme de ce qui s’écrit (en sous-effectifs mais bien là, par chance). L’autoentrepreunariat (2009, sous Sarkozy) a porté un coup au travail à domicile. Celui-ci était aléatoire, déjà, mais au moins le correcteur avait-il un contrat même si l’éditeur n’était pas tenu de le solliciter chaque mois ; on se souvient de correctrices dans les cortèges de manifestants, en 2016, brandissant des fiches de paye… à zéro euro. Depuis, ça ne s’arrange pas. Pour les Sans Protection Sociale et les Sans Droit à la Retraite, le travail s’abîme dans « une exploitation capitaliste sauvage libérée des garde-fous qu’impose encore le salariat », écrit Guillaume Goutte. Être son propre patron, disaient-ils. Le délégué des correcteurs au Syndicat du Livre CGT répond dans une langue impeccable et un livre qui fait la part belle à l’histoire.
Anne Crignon