Le blog des éditions Libertalia

Eugène Varlin, ouvrier relieur dans la revue de l’IHS-CGT

mardi 12 novembre 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans la revue de l’IHS-CGT, octobre 2019.

Les écrits d’Eugène Varlin
ou la naissance du mouvement ouvrier en France

Voici enfin rassemblés la totalité des écrits d’Eugène Varlin, ouvrier relieur, qui a joué un rôle décisif dans la fondation de la section parisienne de l’Association internationale des travailleurs (appelée depuis Première Internationale) et dans son développement en France. Varlin va tenir une place importante dans le déclenchement de l’insurrection qui installe la Commune de Paris (1871) et dans l’éphémère aventure de cette Commune révolutionnaire. Varlin n’était pas un théoricien mais un homme d’action qui pensait. Ses écrits sont donc un témoignage saisissant du développement des grèves, des journaux et des organisations ouvrières dans la décennie 1860-1870. Disons tout net au futur lecteur que Varlin n’a pas eu le temps d’écrire sur la Commune elle-même : au cœur de l’action quotidienne, il a été fusillé au lendemain de la défaite des ouvriers parisiens.
Michèle Audin a réuni lettres, articles, plaidoyers, circulaires et autres comptes rendus et il faut lire ces écrits pour connaître et comprendre la naissance du mouvement ouvrier dans notre pays. Une biographie en introduction permet de situer l’époque et Michèle Audin remet brièvement chaque « écrit » de Varlin dans son contexte, ce qui rend la lecture fluide et plus instructive encore.
Nous avons découvert Michèle Audin lors de la présentation de l’ouvrage dans les locaux de son éditeur-libraire, Libertalia. Mathématicienne, elle a écrit des ouvrages dans sa spécialité́, féministe, des romans historiques et, passionnée par la Commune de Paris, un roman ; elle tient un blog sur le sujet. Et quand il lui reste du temps (!), elle est membre de l’Oulipo ce qui ne peut laisser indifférent nos amis typographes et correcteurs.
En introduction au débat, elle pose tout d’abord la méfiance qui était sienne d’une certaine hagiographie qui fait de Louise Michel « la Vierge rouge » et de Varlin un « Christ prolétarien ». Avant de découvrir que notre homme était avant tout un modeste militant, rigoureux, méthodique, attaché aux petites choses qui font vivre les grandes idées. Prenant au sérieux le slogan « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », il défendit, contre Karl Marx, l’idée que si les élites « républicaines » soucieuses d’émancipation sociale pouvaient adhérer à l’Internationale, seuls les travailleurs pouvaient y occuper des fonctions d’animation de l’organisation. Un débat qui garde une certaine actualité…
Et pour celles et ceux qui en veulent plus, procurez-vous la brochure éditée par notre IHS : Varlin, relieur et communard, 2011.

J.-Y. L