Le blog des éditions Libertalia

Le Grand Soir dans Siné Mensuel

lundi 6 novembre 2017 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Dans Siné Mensuel, octobre 2017.

L’orage des révoltes en marche

Ce que visent à la fin du XIXe siècle les bosseurs en pétard misant sur le Grand Soir, ce n’est pas de toucher un peu plus, c’est le « chambardement général ».
Un brûlot des éditions Libertalia tout à fait d’actualité est axé sur ce trip insurrectionnel.

Avec une exaltation et une minutie irrésistibles, la nouvelle venue Aurélie Carrier retrace l’histoire de l’attente bouillante du Grand Soir à la Belle Époque. Une histoire qui commence par un constat cinglant : après 122 ans, rien n’a changé. Comme sous la monarchie, il y a des châteaux et des taudis, des riches étoffes et des haillons, des myriades de victuailles et des crève-la-faim, du charbon à la pelle et des gelés jusqu’aux os. Pas de doute, les fieus : l’exploitation de l’homme par l’homme continue. Ce qui amène à la longue les prolos « aux yeux farcis de bouse de vache », comme les décrit Émile Pouget, à imaginer un remède féerique à tous leurs maux : « L’embrasement de la société en un seul soir. » « Le vent souffle en tempête et tout flambe, précise Idan Ehrly dans Le Libertaire du 8/10/1899. Les usines où tant d’esclaves laissèrent leur peau, les casernes où tant de pauvres enfants laissèrent leur cœur, les églises où tant d’humiliés laissèrent leur cerveau ; et les banques, les palais et les lupanars, tout flambe… »
C’est le moment pour Aurélie, restons concret, de s’interroger sur « la capacité de résonance de ce rêve du Grand Soir sur les pratiques sociales » d’hier et d’aujourd’hui. Et de battre le rappel des divers modes de combat fulgurants contre l’ordre autoritaire-marchand influencés par l’obsession du grand grabuge : les destructions judicieuses, le syndicalisme révolutionnaire à la Père Peinard, la grève insurrectionnelle, le sabotage, l’expérimentation de contre-sociétés jouissives…
On reste dans le noir de la révolte anarcho-flibustière sans quartier avec le tout premier ouvrage non-romancé (palpitant de bout en bout, des hourras pour Yves Meunier !) sur la téméraire Bande noire (éd. L’Échappée) qui, entre 1882 et 1884, dans le bassin minier de Saône-et-Loire, dynamita moult édifices religieux et résidences de petits chefs serviles.

Noël Godin