Le blog des éditions Libertalia

Un chant d’amour dans Le Monde diplomatique

jeudi 11 avril 2024 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Le Monde diplomatique d’avril 2024.

Mis à jour et augmenté, le roman graphique d’Alain Gresh et d’Hélène Aldeguer résume sept décennies de relations franco-israéliennes. Une tranche d’histoire où l’on est peu à peu passé d’une vision engagée de la France pour une paix juste au Proche-Orient à un alignement déférent de Paris sur les positions israéliennes.

Akram Belkaïd

Prisonnier de Jérusalem dans Le Monde diplomatique

jeudi 11 avril 2024 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Le Monde diplomatique d’avril 2024.

La lecture du témoignage de Salah Hammouri, incarcéré durant plus de dix ans par Israël, démontre l’incroyable détermination de son peuple et sa capacité d’endurance inégalée. Emprisonné pour la première fois à 17 ans, Hammouri, aujourd’hui avocat, raconte l’arbitraire de l’occupant, les détentions administratives sans motif officiel (un héritage du mandat britannique), les incessants transferts, les brimades et l’obsession israélienne de corseter la société palestinienne en essayant, en vain, d’instiller la peur et de briser l’élan contestataire.

Akram Belkaïd

Armand Gatti, théâtre-utopie sur le site de Ballast

mercredi 3 avril 2024 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié sur le site de Ballast, le 30 mars 2024.

De la fin des années 1950 aux années 2010, Armand Gatti, qui fut résistant-maquisard, grand reporter, cinéaste, poète et noyau dur, avec d’autres, de La Parole errante à Montreuil, a fait œuvre de théâtre. On lui doit des inventions dramaturgiques radicales, abordées ici par le prisme de deux catégories politiques : l’anarchisme qui était le sien et l’utopie qu’il a échafaudée par et pour l’art du théâtre. Un théâtre proprement démesuré, frayant autant avec l’agit-prop et l’université populaire qu’avec un formalisme révolutionnaire et des pièces d’une complexité « éléphantesque » qui ont lancé à l’endroit du réel et de l’Histoire d’irréductibles soulèvements. Théâtre militant ? Oui, puisqu’il n’a cessé d’être « secoué par les battements cardiaques des luttes et des événements » (sa pièce La Passion du général Franco est d’ailleurs censurée par le gouvernement français en 1968). Cependant ce n’est ni l’efficacité directe ni la prétention à toucher juste, mais l’infini des possibles que cette œuvre pose en ligne de mire : l’aventure d’une « parole errante », c’est « le refus forcené que quelque chose puisse ne pas être dit, par paresse, incapacité ou oubli ». Les pièces de Gatti procèdent, nous dit Olivier Neveux, d’un « activisme du fictif » où le passé n’est pas clos, où les vaincu·es ont droit de retour (un retour sans coïncidence avec ce qui a été), où les morts ont la parole – à commencer par le propre père de Gatti, anarchiste italien mort en grève, à qui est consacrée La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G., montée en 1961. Outre les dizaines de pièces ou expériences théâtrales évoquées, entre tant d’autres celle de Saint-Nazaire en 1977 avec Le Canard sauvage, Olivier Neveux compose dans ce livre une constellation politique (Blanqui, Makhno, Luxemburg, Durruti), poétique (Khlebnikov, Mandelstam, Le Brun), philosophique (Benjamin, Abensour, Bloch) qui éclaire la singularité d’un théâtre tout autant hanté par la barbarie concentrationnaire et les défaites du XXe siècle, que par un « principe espérance » qui l’invite à se penser comme une barricade libertaire jetée dans l’orbite du temps.

Y.R.

Alors nous irons trouver la beauté ailleurs dans Socialter

mardi 12 mars 2024 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Socialter, en janvier 2024.

Dans cet essai qui s’inscrit dans la lignée de Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce sorti quatre ans plus tôt, Corinne Morel Darleux nous emmène dans ses voyages en Inde, puis au Rojava. Elle explore le concept de querencia, cet abri où l’« on gagne en profondeur, en attention et en enracinement », et qui agit comme une soupape capable de nous couper de la brutalité du monde. En convoquant les pensées de Rosa Luxemburg, de René Frégni ou encore celles de Maria Mies et de Veronika Bennholdt-Thomsen, l’auteure distille des outils pour nous aider à préserver la beauté d’un monde qui a fait de la laideur son horizon politique et nous encourage à sauver ce qui peut encore l’être grâce « au secours de la beauté ».

Léa Dang

Avec tous tes frères étrangers dans L’Anticapitaliste

mardi 5 mars 2024 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans L’Anticapitaliste, le 29 février 2024.

Alors que tout le monde connaît désormais Missak et Mélinée Manouchian après leur panthéonisation le 21 février 2024, beaucoup moins de personnes connaissent l’histoire de la MOE (main-d’œuvre étrangère) qui deviendra la MOI (main-d’œuvre immigrée) puis FTP-MOI.

Unir les prolétaires de tous les pays
Après la boucherie de la Première Guerre mondiale qui a causé la mort de plus d’un million d’hommes, jeunes pour la plupart, ainsi que des milliers d’invalides, la France a besoin de main-d’œuvre pour faire tourner les usines et reconstruire le pays. L’État fait appel à des immigré·es qui arrivent de toute l’Europe fuyant le fascisme, pogroms et génocide, régimes autoritaires mais aussi la famine. La CGTU dans un premier temps, puis le PCF, aident et organisent cette main-d’œuvre étrangère (MOE) pour unir les prolétaires de tous les pays et lutter contre la xénophobie ambiante. C’est d’ailleurs pour cette raison que le PCF souhaite substituer le terme « immigrée » à « étrangère » jugé moins connoté à l’époque, MOE devenant alors MOI.
Dimitri Manessis et Jean Vigreux reviennent sur l’organisation dès 1920 de ces immigré·es italiens, polonais, arméniens, espagnols qui pour certains intègreront en 1942 les FTP (Francs-tireurs et partisans) pour conduire des groupes de guérilla urbaine (assassinats de responsables nazis et de collabos, pose de bombes, déraillement de trains…) un peu partout en France et lutter contre l’occupant nazi.

Une force essentielle dans la Résistance
C’est un livre passionnant qui s’appuie sur de nombreuses sources et archives (du PCF, de la police, avec l’accès désormais possible à celles du Komintern…) et qui montre à quel point les travailleur·ses immigré·es ont été une force essentielle dans la Résistance et qu’en plus des 23 martyrs du groupe Manouchian-Boczov fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien, ils et elles sont nombreux à avoir été traqués, torturés, déportés, guillotinés ou fusillés.
Il est très utile de raconter cette histoire surtout en ces temps de montée de racisme et de xénophobie, parce que « résister se conjugue toujours au présent », comme le disait Lucie Aubrac citée dans les dernières pages du livre.

À lire aussi leur précédent livre sur Rino Della Negra, jeune footballeur du Red Star qui intégra les FTP-MOI du groupe de Manouchian : Rino Della Negra, footballeur et partisan, toujours aux éditions Libertalia.

B. W.