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Pour une école publique émancipatrice dans L’École des parents

mardi 12 novembre 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans L’École des parents, octobre-novembre-décembre 2019

Coup de cœur :
Pour une école publique émancipatrice

Véronique Decker a été institutrice puis directrice d’une école élémentaire pendant trente ans dans un quartier populaire de Bobigny (93). Au moment de prendre sa retraite, cette militante Freinet a écrit 69 billets courts et vivants, comme un patchwork d’anecdotes racontant son quotidien. Très vite, le lecteur est happé par sa foi en la pédagogie coopérative, l’empathie qui illumine ces pages et l’incroyable énergie qu’elle déploie pour ses élèves, souvent cabossés par la vie. Véronique Decker ne cache pas non plus son impuissance, ni ses larmes lorsqu’elle assiste à une cérémonie en hommage à Mélisa, une petite fille bulgare de 7 ans, morte dans l’incendie de son bidonville : « Année après année, je sens toujours cette désolation. Intacte. »
Elle pleure, mais rit aussi, avec les enfants et ses collègues. Et fait preuve d’une saine colère face aux recommandations absurdes de son ministère : pour améliorer les performances d’un enfant, il faut surtout qu’il ait bien mangé, bien dormi, qu’il n’ait pas mal aux dents et qu’il se sente en sécurité́ dans sa famille et la société́. Elle éreinte un manuel de lecture : y a-t-il vraiment « des gens qui croient qu’on peut enseigner la lecture avec des textes aussi ridicules, alors qu’il est possible de s’appuyer sur des écrits réels, qui ont du sens pour les enfants » ? Et rappelle chacun à son devoir, comme cette jeune enseignante : « La grève, c’est un travail ; si on le fait bien, il porte ses fruits. » L’intitulé de l’un de ses billets, « Jamais face aux élèves, toujours à leurs côtés », résume parfaitement son engagement. On aimerait glisser ce livre, bouleversant, dans les cartables des apprentis enseignants et le poser discrètement sur un bureau du ministère de l’Éducation nationale.

Anne Lamy