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Propos d’un agitateur sur Bibliothèque Fahrenheit 451

lundi 6 avril 2020 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié sur Bibliothèque Fahrenheit 451, 10 novembre 2016.

Ricardo Flores Magón est l’un des principaux leaders et théoriciens de la révolution mexicaine qui éclata le 20 novembre 1910. Refusant tout compromis avec le pouvoir quel qu’il soit, il expose ses grands principes dans les journaux qu’il dirige, sous forme de textes courts, allégoriques et didactiques, adressés à un peuple essentiellement analphabète.
Ses brefs pamphlets mettent souvent en scène des personnages qui incarnent des idées. Dans « Le Droit à la révolte », par exemple, le Vieux Vautour, symbolisant le tyran, observe sans comprendre un géant qui se dresse, représentant l’insurrection.
Dans un autre, il charge son Voleur d’expliquer au Mendiant qu’en violant les lois promulguées par la bourgeoisie, il ne fait que rétablir la justice bafouée par les riches, qui volent les autres au nom de la loi.
C’est la Machine qui va inciter l’ouvrier à s’emparer d’elle au lieu de se lamenter, à travailler pour lui et les siens plutôt que pour le « vampire qui [lui] suce le sang ».
Ricardo Flores Magón affirme que c’est une escroquerie de faire miroiter aux travailleurs l’émancipation du prolétariat par voie légale. Il revendique l’expropriation des nantis comme condition essentielle à l’émancipation de l’humanité. Il réclame l’abolition de la propriété individuelle. Il refuse l’accession au pouvoir, considérant que « les gouvernements sont les chiens de garde des classes possédantes […] et les bourreaux des droits intangibles du prolétariat ». Pour lui, la vraie révolution c’est « celle qui a surgi pour exterminer les riches et abolir leurs lois ; celle qui incendie les églises et brûle les registre de propriété ; celle qui arrache la terre des mains du propriétaire pour en faire le bien de tous ».
Ces textes allégoriques ont inspiré le mouvement zapatiste et les insurgés de la récente commune d’Oaxaca. On retrouve d’ailleurs sous la plume de Marcos la même verve et la même volonté pédagogique.
Leur lecture est vivifiante.
« La révolte, c’est la vie ; et la soumission c’est la mort. »