Collection À Boulets rouges

Simone Weil Grèves et joie pure

Une arme nouvelle : les occupations d’usine, 1936.

« Il s’agit, après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence pendant des mois et des années, d’oser enfin se redresser. Se tenir debout. Cette grève est en elle-même une joie. Une joie pure. Une joie sans mélange »

En mai-juin 1936, une vague de grèves spontanées éclate en France, juste après la victoire électorale du Front populaire. Elle atteint son apogée le 11 juin avec près de deux millions de grévistes dans la plupart des secteurs de l’industrie, mais aussi dans les bureaux et les grands magasins. La revue syndicaliste La Révolution prolétarienne publie alors, sous pseudonyme, un article devenu célèbre de Simone Weil qui donne tout à la fois une description accablante de la condition ouvrière dans la métallurgie – le secteur le plus en pointe dans le conflit – et un éclairage inégalé sur la nature et le climat de ces grèves en soulignant leur caractère inédit : les occupations d’usines.
Dans les semaines qui suivent, Simone Weil continue à commenter l’actualité sociale, en pointant, dès le mois de juillet, le rôle du gouvernement dans le recul des grèves et en proposant une revendication pérenne pour s’y opposer : le contrôle ouvrier.
En reprenant trois articles rédigés in situ, il s’agit non seulement de mettre en avant la lucidité et le génie d’une philosophe qui n’hésita pas à se faire ouvrière pour comprendre, de l’intérieur, une condition sur laquelle intellectuels et révolutionnaires dissertent sans la vivre, mais de rappeler que la grandeur et l’importance des combats ouvriers résident avant tout dans l’invention de nouveaux moyens de lutte pour combattre l’aliénation et l’exploitation.

L’auteure

Décédée à 34 ans, Simone Weil (1909-1943) n’a publié aucun livre de son vivant, mais laisse une œuvre considérable qui compte 17 volumes. Malgré une courte existence, elle fut tour à tour enseignante en philosophie, syndicaliste révolutionnaire, ouvrière d’usine, engagée aux côtés des anarchistes en Espagne, résistante durant la Seconde Guerre mondiale, mystique et chrétienne sans église… Plusieurs de ses écrits, comme Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale ou L’Enracinement, sont des classiques indispensables pour comprendre un capitalisme en crise et penser une civilisation nouvelle.

Le préfacier

Spécialiste d’histoire sociale, Charles Jacquier a dirigé l’ouvrage Simone Weil, l’expérience de la vie et le travail de la pensée, Sulliver, 1998. Il a largement contribué à plusieurs livres récents de Libertalia, parmi lesquels Fascisme et grand capital de Daniel Guérin (réédition, 2014) ; Tenir la rue. Les groupes d’autodéfense socialiste, 1929-1938 de Matthias Bouchenot (2014) ; Ma guerre d’Espagne à moi, de Mika Etchebéhère (réédition, 2015) ; Tout est possible ! Les gauchistes français (1929-1944) de Jean Rabaut (réédition, 2018).

De la même autrice
aux éditions Libertalia

Préface de Charles Jacquier
80 pages – 7 €
Parution : 4 mai 2016
ISBN physique : 9782918059875
ISBN numérique : 9782377291533

Acheter ce livre en ligne