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> B. Traven, romancier et révolutionnaire
B. Traven (1882-1969) est un romancier majeur, l’un des plus lus au monde, à l’instar de Jack London, mais il reste relativement méconnu dans les pays francophones.
L’auteur du Trésor de la Sierra Madre, de La Révolte des pendus ou encore du Vaisseau des morts, tous d’incroyables récits sociaux, imagés et bouleversants affirmait : « Ma vie m’appartient, seuls mes livres appartiennent au public. » Et de fait, tout au long de son existence, il a cherché à brouiller les pistes sur son identité, ses faits et gestes.
On lui connaît une trentaine de pseudonymes différents, à peu près autant de lieux et de dates de naissance, quatre ou cinq nationalités. L’auteur est tellement mystérieux qu’il intrigue et passionne.
Cette biographie rédigée initialement en 1965 et actualisée maintes fois, que l’on doit au savant allemand Rolf Recknagel (1918-2006), s’attache à décrypter de façon pointilleuse l’œuvre et la vie de l’aventurier des lettres. Elle confirme de façon certaine que Ret Marut, l’animateur du journal Der Ziegelbrenner (Le Fondeur de briques) pendant la révolution des conseils (Bavière, 1919), et B. Traven ne faisaient qu’une seule et même personne.
B. Traven, romancier et révolutionnaire est un haletant récit sur l’écrivain qui acheva sa course au Mexique en se faisant le chantre des revendications égalitaires des populations indiennes.
Télérama, n° 3102, juin 2009.
B. Traven, ou l’histoire d’un homme qui n’en finit pas d’être un mystère, et un écrivain culte. Des éditeurs, l’œil jaloux, multiplient la réédition de ses romans. Des lecteurs du monde entier, reconnaissables à leur passion débridée, s’en repaissent. Des universitaires, des journalistes sont sur le pied de guerre afin de traquer le phénomène et d’en restituer – toute, ou presque – la destinée. Après À la recherche de B. Traven, publié aux États-Unis en 1980 (éd. Les Fondeurs de briques, 2007), voici Insaisissable, les aventures de B. Traven, biographie traduite de l’allemand – la langue dans laquelle écrivait principalement Traven –, riche de nombreux documents iconographiques et rédigée minutieusement. Qui était B. Traven ? Un écrivain, un pamphlétaire, un aventurier ? Un libertaire, toujours incognito, aperçu en plusieurs pays (Allemagne, Pays-Bas, Etats-Unis, Mexique), puis disparu, comme par enchantement… B. Traven qui écrivit : « Où donc est ma patrie ? Ma patrie est où je suis, où personne ne me dérange, où personne ne me demande qui je suis, d’où je viens et ce que je fais. » B. Traven, romancier enragé, subversif, romantique, dont il faut lire au moins deux ouvrages pour intégrer le fan-club : Le Vaisseau des morts (éd. La Découverte, 2004) et Le Trésor de la Sierra Madre (éd. Sillage, 2008), porté à l’écran en 1948 par John Huston.
(Martine Laval)
Le Monde diplomatique, mai 2009
L’auteur de classiques du roman d’aventures vendus à des millions d’exemplaires dans le monde entier (Le Trésor de la Sierra Madre, Le Vaisseau des morts…) a pris plus de vingt-cinq identités fictives. On ignorera sans doute toujours les origines réelles de celui qui connut la célébrité sous le nom de plume de B. Traven. « L’homme créatif ne doit pas avoir d’autre biographie que ses œuvres », écrivait-il.
Le grand mérite de cette biographie, enfin traduite en français, est de s’appuyer sur la relecture scrupuleuse de l’œuvre et une documentation exhaustive. Du comédien Ret Marut, éditeur d’un périodique défiant la censure militariste allemande, Der Ziegelbrenner (« le fondeur de briques »), contempteur de la presse capitaliste devenu « ministre de l’information » de la République des conseils de Bavière en 1919, puis fugitif à travers l’Europe jusqu’à sa réapparition sous le nom de Traven, ami des Indiens installé dans la jungle mexicaine, on suit le destin de ce personnage. À travers lui, c’est toute une époque de guerres et de révolutions, d’espoirs de transformations sociales et de répressions sanglantes qui se donne à voir.
(Serge Quadruppani)
Le Monde , 15 janvier 2009
En 1926, dans une lettre envoyée à son éditeur, et qui accompagnait Le Vaisseau des morts, le roman qui allait lui apporter une célébrité mondiale, B. Traven prévenait : « Quand on postule pour un emploi de veilleur de nuit ou d’allumeur de réverbères, on se voit demander un curriculum vitae (…). Mais ce n’est pas chose à exiger d’un travailleur qui crée des œuvres intellectuelles. C’est impoli. Et c’est l’inciter à mentir… » Jusqu’à sa mort au Mexique, en 1969, cet éternel « sans-papiers » utilisa toutes les techniques de camouflage afin de subvertir les pièges de l’identité.
D’où le mystère qui l’entoure. Vagabond ? Pirate ? Explorateur ? Toutes les hypothèses, y compris les plus farfelues, ont été avancées. Parmi les biographies consacrées à cet « anonyme célèbre », celle de Rolf Recknagel, publiée une première fois en RDA en 1966, se distingue par sa méthode : plutôt que la recherche du sensationnel, elle privilégie une approche littéraire, qui exige une attention à l’écriture elle-même, à ses élans comme à ses failles.
Relisant nouvelles et romans, dont plusieurs ont été adaptés au cinéma, notamment par John Huston, Recknagel en souligne la portée à la fois explosive et désespérée.
À partir de cette méthode, il affirme que, derrière le masque de B. Traven, se dissimulait Ret Marut, pamphlétaire anarchiste qui joua un rôle actif dans l’éphémère République des conseils de Bavière, en 1919, aux côtés d’intellectuels comme Gustav Landauer.
(Jean Birnbaum)
Traduit par Adèle Zwicker
12 € — 480 pages
Parution : 18 janvier 2018
ISBN : 978-2-37729-020-8