Le blog des éditions Libertalia

Handi-Gang dans Rock’n’Folk

mardi 5 septembre 2017 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Handi-Gang dans Rock’n’Folk, septembre 2017

Le deuxième roman de Cara Zina, Handi-Gang, rappelle enfin à quel point les handicapés sont ignorés et maltraités en France. Son jeune héros, adolescent en fauteuil, excédé de subir les mille et une complications et vexations que son handicap lui impose et aidé par une bande de potes eux-mêmes concernés par le handicap, refuse l’invisibilité et se lance dans l’action directe en commençant une véritable guérilla qui, bien sûr, changera leurs vies et leurs avenirs. Optimiste malgré tout, souvent joyeux, ce roman nourri de notes personnelles réveille un combat qui mériterait largement nos soutiens plus affirmés.

Agnès Léglise

Handi-Gang dans L’Est républicain

mardi 5 septembre 2017 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Handi-Gang dans L’Est républicain, 27 août 2017.

Le nouveau Petit Livre rouge

Le second roman de la Nancéienne Cara Zina aborde la place du handicap dans la société. Explosif.

« Mon fils n’a pas grand-chose à voir avec le héros de mon histoire, lui a une réserve et une discrétion qu’ont beaucoup de handicapés. » L’écrivain Cara Zina est aussi la maman d’Emil, né en 1998 avec un spina-bifida. C’est-à-dire avec un trou dans la colonne vertébrale. « Depuis le début, je le vis avec optimisme, c’est dans ma nature ! » Dans sa nature aussi d’être sensible au sort des minorités. L’ancienne punk née à Nancy en 1968, qui a fait du rap et les 400 coups avec sa meilleure pote Virginie Despentes, devenue d’ailleurs la marraine d’Emil, se souvient que même pendant ses études d’audiovisuel elle bossait sur l’IRA ou sur les Indiens d’Amérique… Et qu’à 16 ans, après le choc du film de Spike Lee, Do the right thing, elle voulait être un Noir… « J’ai toujours été interpellée par le sort des opprimés. » De là à se lancer à corps perdu dans la défense des droits des handicapés, qu’elle constate bafoués à longueur de temps depuis qu’elle est devenue mère célibataire de l’un d’eux, il n’y avait qu’un pas qu’elle n’a évidemment pas hésiter à franchir ! « Je peux comprendre la rage de ceux qu’on n’entend pas, et même, je ne peux pas comprendre pourquoi ils ne s’énervent pas plus… »
Quand Emil se fait virer d’un cinéma, elle, ça la révolte. Quand il ne peut pas accéder à un concert ou qu’une prof de sport lui colle un 3/20 pour une course d’orientation qu’il a dû faire en fauteuil roulant, ça la bouleverse. Mais tomber dans le cliché de la courageuse maman, ça la gonfle. Alors elle ne fait pas forcément dans le politiquement correct, Cara Zina. Et elle imagine une histoire où on pose des bombes pour se faire justice… à une époque où les éditeurs ne risquent pas de se ruer sur le sujet. Il faut dire qu’elle a commencé à l’écrire en 2009, juste après la parution chez Robert Laffont de son premier roman Heureux les simples d’esprit. Dans lequel elle racontait l’immersion d’une punkette féministe dans la vie en société. Punkette donnant naissance à un handicapé.
De la même façon, dans Handi-Gang, « je n’invente pas grand-chose, tout est inspiré du réel », confie l’écrivain. Qui a planté son action à Lyon, là où est né Emil. Mais cette fois, « le sujet de fond est complètement utopique, car il n’existe en réalité pas d’alliance entre les handicapés… ». Alors Handi-Gang, c’est clair, « ça relève du fantastique ». Ces jeunes gens sourds, aveugles, invalides… qui se rassemblent clandestinement pour mener des actions de lutte concrète contre les inégalités, c’est un peu son rêve à Cara Zina. « J’avais envie de porter leurs voix. » Et bien entendu, il y en a de toutes les couleurs de peau. Même l’irrésistible Djenna, qui incarne la mère du jeune meneur Sam, est d’origine algérienne. Comme le père d’Emil. Dont le prénom ne porte pas de « e » parce qu’il signifie « optimiste » en arabe. Ils sont tous terriblement attachants les personnages d’Handi-Gang. Autant que leur créatrice, qui estime que « c’est important que les héros des bouquins ne soient pas toujours bien blancs et bien français ». Et l’on constatera que celui qui fait tout dégénérer n’est pas handicapé, mais bien « très en colère ». On constatera aussi que ce roman, qui se lit comme un polar, n’élargit pas seulement le bout de notre lorgnette sur le quotidien des invalides. Il donne envie d’un monde meilleur. Sans hésiter à questionner l’eugénisme. « Il n’est pas question de juger celles qui ne s’en sont pas senti la force, mais de donner du courage à celles qui se sont vu reprocher d’avoir pris le risque de mettre au monde un enfant “qui en souffrirait sûrement” », dit Djenna dans Handi-Gang. « J’ai vu mon fils dans la détresse. Il m’a toujours inspiré de la fierté, pas de la peine et encore moins envie d’abandonner. » En mettant ces mots dans la bouche de son héroïne de roman, Cara Zina persiste et signe : « Tout en continuant à développer le pronostic prénatal, on devrait quand même mieux s’occuper des handicapés qui sont là ! »

Valérie Susset

États d’urgence dans La Révolution prolétarienne

vendredi 25 août 2017 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

États d’urgence dans La Révolution prolétarienne, juin 2017.

Regroupant un collectif de photographes indépendants, ce volume propose un recueil d’images illustrant l’état de crise sociale, écologique et migratoire en cours. Il est ouvert par un court texte de Jean Stern, rédacteur en chef de La Chronique d’Amnesty International France, sur l’état d’urgence : « C’est un recul continu des libertés, auquel on assiste avec cet empilement de lois. On ne peut que frémir en songeant à l’usage que Marine Le Pen pourrait faire de ces “capacités de pouvoir”. » Vient ensuite un ensemble collectif sur les manifestations parisiennes contre la « loi travail » et les rassemblements « nuit debout », place de la République. Dans ce visuel dynamique qui met en avant la diversité des situations, des lieux et des actions de protestation (entreprises, lycées, universités, espace public), on retiendra également les messages mis en avant par les manifestants, tel ce personnage face aux CRS suréquipés derrière leur bouclier avec une pancarte où figure l’inscription « Ne me frappez pas, je suis un civil en civil ». Ou cet autre manifestant qui, avec en arrière-plan la façade de l’Assemblée nationale, lève les bras avec un panneau demandant « Démocratie t’es où ? ». Il se termine par une belle double page nocturne de la place de la République où de nombreuses personnes tiennent les lettres géantes du slogan : « Rêve générale » !
La partie suivante donne des portraits de victimes de la répression et une tribune souligne la précarité des reporters indépendants qui ont réalisé ces images dans des conditions de plus en plus difficiles. Les cinq parties suivantes présentent le travail d’un seul photographe sur un sujet particulier : Yann Levy propose des clichés de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Julien Pitinome de la « jungle » de Calais, Valentina Camu des réfugiés dans le 18e arrondissement de Paris, Valérie Dubois des réfugiés mineurs, également à Paris, enfin Nnoman de la mobilisation après la mort d’Adama Traoré, le seul à proposer des clichés en noir et blanc.
Loin du sensationnalisme des médias dominants, cet ensemble de photographies sociales est une belle mise en images des mouvements sociaux qui ont fait, et vont faire, notre actualité.

Louis Sarlin

Entretien avec Véronique Decker dans L’Anticapitaliste

jeudi 24 août 2017 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Entretien publié dans L’Anticapitaliste, numéro d’été 2017.

« L’éducation est d’abord et avant tout un choix politique »

Directrice d’école à Bobigny (93), Véronique Decker vient de publier un nouveau livre revenant sur son expérience quotidienne et son engagement au service des élèves. Avec elle, nous revenons aussi sur les premières annonces du nouveau gouvernement en matière d’éducation.

Ton dernier livre s’appelle L’École du peuple. Quelle filiation avec le travail du célèbre pédagogue Célestin Freinet qui a popularisé cette formule ?
On fait croire aux enseignantEs et aux parents que l’éducation est un geste technique, dont il faudrait discuter les outils avant toute chose : lecture globale ou syllabique, maths modernes ou arithmétique à l’ancienne, classes bilangues ou pas… J’ai voulu redire, après le texte de Freinet, que l’éducation est d’abord et avant tout un choix politique et que chaque geste pédagogique a un contenu qui n’est jamais neutre.
Il s’agit de savoir ce qu’on transmet à la génération qui nous suit, et le contenu est important, mais la manière de le transmettre a une importance tout aussi prégnante. Freinet est d’abord un praticien, et le travail intellectuel qui a abouti à ce qu’on appelle aujourd’hui la « pédagogie Freinet » est un travail collaboratif co-construit avec des milliers d’enseignantEs de tous les pays regroupés en association tout au long du XXe et du XXIe siècle.

Après ton premier ouvrage Trop classe !, tu reviens à travers de courts chapitres sur ton quotidien de directrice d’école à Bobigny (93). L’expérience plutôt que les discours théoriques ?
J’ai voulu parler du contenu de l’école, mais sans faire de grands textes théoriques, dont je ne serai par ailleurs sans doute pas capable. Chaque histoire est très courte à lire, mais elle est là pour donner à réfléchir, au-delà de l’histoire en elle-même. C’était déjà le cas dans Trop classe !, mais dans ce nouveau livre, je m’interroge également sur des thèmes comme l’émancipation, l’entourage social de l’école, les « réseaux prioritaires », la médecine scolaire…
Comme tous les militants Freinet, mes analyses partent de mon expérience et agissent sur le terrain. La pédagogie Freinet n’est pas un travail fait pour les « beaux parleurs », c’est un chemin pratique de réflexion autour de l’émancipation : comment faire pour transmettre des savoirs en permettant aux élèves de devenir non pas acteurs d’une pièce qu’ils n’auraient pas écrite, mais auteurs d’une progression vers des savoirs toujours plus complexes.

Le nouveau pouvoir est en place. Parmi les mesures phares annoncées, les classes de CP à 12 élèves en éducation prioritaire. Quelle en est ton appréciation ?
Une mauvaise bonne idée, car ce qui n’est pas dit, c’est que les CP à 12 se font à moyens constants et que les enseignants des CP seront pris dans les autres classes, dans les moyens de remplacements, dans les enseignants d’aide… Ce qui n’est pas dit, c’est que les salles de classe pour mettre ces CP à 12 n’existent pas. Il y a des villes qui imaginent que deux classes vont pouvoir travailler dans la même salle avec juste un paravent au milieu… Ce qui n’est pas dit c’est qu’aucun dispositif de formation n’est prévu pour les enseignantEs qui vont prendre ces classes. Il ne suffit pas d’être avec 12 enfants pour leur apprendre à lire. Par ailleurs, tout ne se joue pas à six ans, et de loin. À trois ans, les enfants commencent déjà à apprendre les fonctions des écrits, et en CM2 on continue à leur apprendre à lire des textes plus complexes et au collège, au lycée, l’apprentissage continue… Lire, c’est un chemin qui va de Petit Ours Brun à la lecture de Marx et de Platon par exemple.

Les rythmes scolaires bougent encore avec le dernier décret gouvernemental. Quel est ton avis sur cette question du point de vue de l’intérêt des élèves/enfants ?
Cette réforme a été mal nommée : elle n’apporte en rien une meilleure appréciation des rythmes des enfants dans le cadre de l’école. La chrono-biologiste Claire Lecomte le dit clairement. C’est d’abord une réforme visant à la municipalisation des écoles primaires, tentant de donner aux villes des responsabilités éducatives accrues. Cela a aggravé considérablement les inégalités entre les villes qui proposent escalade et violoncelle, et celles qui laissent les enfants taper le foot au fond de la cour avec des animateurs sous-qualifiés, précaires et payés quelques heures au Smic…

Enfin, que révèlent selon toi les dernières annonces du ministre Blanquer concernant la prochaine rentrée scolaire (cours d’attention, rentrée en chanson…). Une « politique gadget » ou une orientation de fond plus dangereuse ?
Les gadgets sont là pour faire le buzz sur des débats sans enjeu. Pourquoi pas de la musique pour le jour de la rentrée ? Mais comment faire chanter ensemble des enfants qui n’ont jamais répété depuis plusieurs semaines dans un spectacle qui serait donné aux nouveaux accompagnés par leurs parents ? On voit bien que c’est complètement irréfléchi. Pourquoi pas donner un livre de fables de La Fontaine aux enfants ? Sauf que la plupart l’ont déjà lu, ont déjà appris des fables, que toutes les écoles l’ont et que probablement, ce ne sera pas le livre le plus lu cet été par les enfants… Pourquoi pas faire des cours d’attention, de concentration, de méditation ? Beaucoup d’écoles déjà savent les bénéfices qu’on peut tirer du yoga, de la relaxation, pour être calme et attentif. Le souci, c’est que le stress vient souvent de la surcharge des classes due aux enseignantEs non remplacés, dont nous sommes obligés de répartir les élèves n’importe comment, y compris dans des classes dans lesquelles il n’y a pas de travail à leur niveau. Le souci, c’est que le stress vient également du faible niveau de formation de plus en plus d’enseignantEs contractuels (embauchés sur CV, sans aucun cours de didactique ni de pédagogie), ou débutants à qui on donne une classe à mi-temps avant même que leur demi-année de formation ne débute.
Mais l’important, c’est la dégradation rapide et manifeste du service public d’éducation : places à l’université tirées au sort faute de pouvoir accueillir tous ceux qui veulent, collèges surpeuplés à plus de 700 élèves dans le 93, primaires remplies au maximum, maternelles ne pouvant plus accueillir les enfants, enseignantEs, auxiliaires et agentEs jamais remplacés… alors que dans le même temps, le privé se goinfre des financements des fondations et des parents, en surfant sur l’inquiétude du déclassement social porté par toutes les familles.
Les syndicats enseignants du 93 en sont à déposer le jour de la prérentrée une plainte en justice contre l’État en raison de l’absence de médecins scolaires. Les visites obligatoires ne sont plus assurées, les suivis d’élèves handicapés ou malades ne peuvent être mis en œuvre.
La droite se saisit sans cesse de l’imaginaire de l’« école de la République » : blouses, bons points, notes, et jeunes choristes bien alignés. Il est temps que la gauche se saisisse de tout ce que l’école publique porte de progrès social partagé : élever les enfants ensemble dans une même école est un combat qui réduit les inégalités entre les enfances. Ce qui doit nous mobiliser, c’est l’idée de l’émancipation, l’idée de permettre à tous les enfants de connaître des lieux, de rencontrer des gens, d’apprendre des savoirs que leurs parents ne leur auraient pas transmis. La construction patiente de cette intelligence partagée est indispensable à l’idée même de la révolution, car on ne saurait changer le monde et maintenir les progrès avec les populations sans une éducation de qualité leur permettant de réfléchir, de critiquer, d’élaborer.

Propos recueillis par Manu Bichindaritz et Raphaël Greggan

Cara Zina dans l’émission Dans quel monde on vit

mercredi 23 août 2017 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Cara Zina (Handi-Gang) était l’invitée de l’émission Dans quel monde on vit du 22 août 2017, sur France Inter :
www.franceinter.fr/emissions/dans-quel-monde-on-vit/dans-quel-monde-on-vit-22-aout-2017