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Rino Della Negra dans Challenges (!)

vendredi 18 mars 2022 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Challenges, le 17 mars 2022.

Étoile rouge du foot

Le destin de Rino Della Negra, fils d’immigrés italiens, communiste et résistant, fusillé par les Allemands.

Le 21 février 1944, Rino Della Negra – 20 ans – était fusillé par les nazis au Mont-Valérien, en même temps que les 22 héros de l’Affiche rouge, les résistants du groupe Manouchian. Dans une lettre d’adieu à ses parents, des immigrés d’Italie, il écrit : « La plus grande preuve d’amour, c’est de donner sa vie pour ceux que l’on aime. »
Parmi ces combattants de l’Affiche rouge, Della Negra était un cas particulier : guetteur, participant à un « coup de main » ou « chef d’un commando », ce soldat de « l’armée de l’ombre » comptait aussi parmi les meilleurs espoirs du foot français. Pour la saison 1943-1944, il avait rejoint le Red Star, le club mythique de Saint-Ouen, de cette banlieue « rouge » à laquelle Della Negra appartenait corps et âme. Destin tragique, mais d’abord exemplaire. Exemplaire en cela qu’il raconte une immigration en France – italienne, espagnole, juive d’Europe de l’Est –, ultrasensible au communisme, avec une volonté acharnée de prendre toute sa place dans ce nouveau pays. Le travail et le syndicalisme, la politique et le parti communiste, le sport et le foot étaient des moyens pour y parvenir. La lutte antinazie et la résistance, au prix de la mort, allaient de soi. Della Negra n’a pas hésité un instant.
Originaire du Frioul, sa famille est arrivée en France dans les années 1920. À 14 ans, il entre en usine chez Chausson. En 1943, il est recruté par le Red Star, mais ce n’est pas l’essentiel. Au même moment, Rino Della Negra rejoint les FTP-MOI. Il est arrêté lors d’une opération contre un convoyeur de fonds allemand, près de la place de l’Opéra. Dans sa famille ou dans son équipe de foot, personne ne se doutait qu’ils côtoyaient un combattant antinazi. Une petite star de foot devenue un héros : c’est cette destinée que nous révèlent Dimitri Manessis et Jean Vigreux. Ils font ainsi œuvre utile, surtout dans la France d’aujourd’hui.

Maurice Szafran