Le blog des éditions Libertalia

Laurence de Cock invitée du podcast Paroles d’histoire

mercredi 4 septembre 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Laurence De Cock était l’invitée d’André Loez pour le podcast Paroles d’histoire du 27 août 2019 à propos de son livre Sur l’enseignement de l’histoire.

Valérie Rey-Robert à la Maison de la poésie

mercredi 17 juillet 2019 :: Permalien

Le 24 juin 2019, Valérie Rey-Robert présentait son livre Une culture du viol à la française à la Maison de la poésie, Paris.
Lecture par David Sidibé, rencontre animée par Jean-Luc d’Asciano.

Valérie Rey-Robert au débat de midi de France Inter

mardi 2 juillet 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Valérie Rey-Robert participait au Débat de midi du 1er juillet 2019 sur France Inter, sur le thème « La culture française banalise-t-elle le viol ? » :
www.franceinter.fr/emissions/le-debat-de-midi/le-debat-de-midi-01-juillet-2019

Winter is coming dans Les Inrocks

vendredi 28 juin 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié par Les Inrocks, 5 juin 2019.

Comment Game of Thrones est devenu une allégorie de l’urgence climatique

Depuis plusieurs années, l’œuvre de George R. R. Martin est interprétée comme une métaphore du réchauffement climatique. Pourtant, son auteur n’était pas conscient de ce parallèle, qu’il n’a assumé qu’a posteriori.

You know nothing, George R. R. Martin. Pendant longtemps, l’auteur du Trône de fer a contesté avoir voulu transmettre un message écologiste dans son œuvre. Pourtant, il a fini par reconnaître qu’on pouvait faire « un certain parallèle » (entre le réchauffement climatique et celle-ci). Et désormais, le leitmotiv de la série (« Winter is coming ») est systématiquement détourné par les activistes écologistes (Greenpeace France en tête), ce qui donne un ironique (mais non moins anxiogène) : « Winter is Not Coming » (« L’hiver n’arrive pas »). Simple clin d’œil pour rallier la jeunesse au combat pour sauver la planète ? Pas seulement, comme le relate l’historien William Blanc dans Winter is coming – Une brève histoire politique de la fantasy (éd. Libertalia), un livre concis et éclairant qui remonte aux origines de la fantasy. Voici donc l’histoire d’une appropriation culturelle, en quatre temps.

2012 : une interprétation écolo du mur du Nord
Tout commence en 2012, lorsqu’un chercheur en sciences politiques de l’université du Massachusetts, Charli Carpenter, publie un article stimulant dans la revue de géopolitique Foreign Affairs. Son hypothèse est que Game of Thrones – qui a conquis des millions de téléspectateurs – peut être interprété comme une allégorie de la menace climatique qui pèse sur l’humanité. Ainsi, le symbole du mur du Nord, qui sépare Westeros des Marcheurs blancs, symboliserait notre risible tentative d’endiguer l’inexorable problème du dérèglement de la nature, causé par l’activité humaine.
William Blanc a traduit la partie essentielle de cet article : « Le désastre environnemental menace tout le monde alors qu’il est globalement ignoré. Loin d’être une allégorie de l’immigration, le mur du Nord et les forces qu’il contient représentent l’idée fausse selon laquelle la civilisation industrielle pourrait se maintenir face aux changements de l’environnement. La devise “ L’hiver arrive ” doit être comprise au sens littéral et métaphorique : la planète s’enfonce lentement, mais inexorablement vers la catastrophe climatique sans que les souverains, pris dans les conflits qui les opposent les uns aux autres, ne le voient. Game of Thrones est un récit d’action collectif dans lequel la Garde de nuit sonne désespérément l’alerte sans jamais être entendue ».
Dans la foulée, le site américain Vox publie une vidéo dans laquelle la Garde de nuit est comparée aux climatologues, qui répètent à l’envi l’urgence d’agir pour anticiper la catastrophe climatique, en vain.

2016 : la réécriture de l’origine du Roi de la nuit
Chemin faisant, cette hypothèse finit par avoir des effets sur le réel. Le scénario de la série Game of Thrones subit ainsi une variation par rapport aux livres de George R. R. Martin. En effet, dans le tome intitulé A Storm of Sword (2000), le Roi de la Nuit est un mythe évoqué dans un souvenir de Bran. Il s’agirait d’une légende concernant un personnage qui a vécu des milliers d’années avant l’action des romans. Dans la série en revanche, l’origine du Roi de la Nuit est évoquée dans l’épisode 5 de la saison 6 (« La porte »), et elle est sensiblement différente.
Les concepteurs de la série, David Beninoff et D. B. Weiss, imaginent qu’il a été créé par les Enfants de la forêt pour se défendre des premiers humains qui détruisaient leur environnement. Il finit par échapper à leur contrôle, et les peuples de Westeros s’unissent contre lui. Autrement dit, dans cette version actualisée du récit, « les Autres qui menacent l’humanité ont été créés à cause des destructions de la nature qu’elle a provoquées et deviennent ainsi, en 2016, ce qu’ils n’étaient pas dans les romans, une véritable allégorie du réchauffement climatique », écrit William Blanc.

2017 : un acteur compare Cersei Lannister à Trump
L’acteur Nikolaj Coster-Waldau (qui joue Jaime Lannister) intervient dans ce débat en 2017. Alors que l’épisode « Le dragon et le loup » vient d’être diffusé, et que les États-Unis viennent de se retirer de l’accord de Paris, il compare Trump à Cersei Lannister, qui refuse de s’allier aux autres familles pour combattre les Marcheurs blancs. « Je ne pense pas que cela ait été conçu comme tel à l’origine, mais il y a des parallèles évidents (entre le changement climatique et Game of Thrones, ndlr) », note-t-il dans une interview à Billboard. « On voit un monde où […] la plus puissante maison dit qu’elle va agir jusqu’à ce que soudain elle décide finalement de ne rien faire. La réalité est souvent plus extrême que la fiction. » Il participe ainsi à ériger GoT en métaphore politique.

2018 : George R. R. Martin finit par endosser cette thèse
L’auteur lui-même finit par se laisser convaincre. En effet, George R. R. Martin s’est longtemps défendu d’avoir voulu faire de son œuvre une allégorie. En 2013, lors d’un échange avec des lecteurs en Australie, il répond à ce sujet : « À l’instar de Tolkien, je me refuse à écrire des allégories. Du moins intentionnellement. […] Si j’avais voulu écrire quelque chose à propos du changement climatique au début du XXIe siècle, j’aurais placé l’action de mon roman au XXIe siècle durant un changement climatique. » Et pourtant.
L’écrivain à la grande barbe finit par virer sa cuti en 2018. Dans une interview au New York Times, il déclare : « J’ai commencé à écrire Game of Thrones en 1991 avant qui quiconque ne parle du changement climatique. Mais on peut faire un certain parallèle. Les gens de Westeros se livrent à des guerres pour le pouvoir et la richesse. Cela occupe tant leur attention qu’ils ignorent la menace, que “ l’hiver vient ” et qu’il peut potentiellement tous les détruire. »
Comme l’explique William Blanc dans son livre (qui transmet magistralement sa passion pour ce genre littéraire), la fantasy constitue traditionnellement une critique de la modernité. George R. R. Martin n’échappe pas à cette histoire politique, qui le relie à William Morris, Tolkien ou encore Miyazaki.

Mathieu Dejean

Véronique Decker dans Le Canard enchaîné

mercredi 26 juin 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Le Canard enchaîné, 26 juin 2019.

Institutrice,
ça me va bien !

Dans Pour une école publique émancipatrice (Libertalia), l’instit de maternelle Véronique Decker tire les leçons de ses trente années en banlieue. Drôle, pugnace, roboratif.

Elle a « rompu avec l’idée que la compétition est le moteur du monde ». Elle n’est pas obsédée, comme les ministres qui se succèdent à l’Éducation, par la « performance », ni, comme les parents d’élèves, par les « résultats ». Elle se fait de l’école publique une bien plus haute idée que ça.
Véronique Decker a fait trente ans l’institutrice et la directrice d’école maternelle à Montreuil et à Bobigny. Elle sait que plus personne ne veut enseigner dans son département, la Seine-Saint-Denis. Elle a des élèves qui, à la maison, disent à l’assistant virtuel : « OK Google, mets la musique de Mickey, espèce de gros caca pourri » et à qui il faut apprendre la politesse. Et d’autres dont les parents, adeptes d’un islam rigoriste, exigent que leurs enfants viennent à l’école aux horaires qui leur conviennent – après la prière.
Cette dernière anecdote, elle l’a racontée, entre autres, aux jeunes journalistes envoyés par Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui en ont tiré, dans Inch’Allah, un chapitre qui lui est consacré et l’a indignée par son « sensationnalisme », destiné à déclencher « un buzz malveillant à des fins politiques et commerciales ».
Elle n’en peut plus, des caricatures. Elle parle d’expérience, et, après deux livres (Trop classe et L’École du peuple) qui lui ont valu l’estime et la reconnaissance de milliers de lecteurs, résume ici l’essentiel de ses convictions. Bien sûr, les réactionnaires qui hurlent que le niveau d’exigence baisse « ont raison » : « À l’époque où seuls les enfants des familles cultivées allaient dans le secondaire, l’exigence formelle pouvait être plus élevée, car les familles faisaient le reste. » Mais aujourd’hui la misère sociale est partout, et ce sont les enfants de cette misère qui sont en grande difficulté à l’école. Au moment où, dans L’Express (19/6), Laurent Alexandre répète la vieille ritournelle selon laquelle les pauvres sont des cons, ou, dit avec des mots plus choisis : « Les personnes les plus défavorisées socialement sont aussi les plus désavantagées génétiquement », elle tire une tout autre leçon de son expérience.
Pour éradiquer la grande difficulté scolaire, affirme-t-elle, il faut commencer par le début : « s’assurer que les enfants n’ont pas froid, pas faim, pas soif, pas sommeil, qu’ils ne sont pas malades ». Pas facile quand, à Bobigny, il reste un médecin à mi-temps pour trois postes, censé veiller sur la santé des élèves de 27 écoles, quatre collèges et trois lycées, soit environ 12 000 gamins.
Oui, ce n’est qu’une fois ces conditions réunies, « avoir bien mangé, avoir bien dormi, être en sécurité sous un toit, avec une famille disponible et attentive, connaître ses racines, sa culture, et être accepté tel que l’on est par le groupe », que l’élève peut se lancer dans un apprentissage.
Et, le plus important dans cet apprentissage, c’est que l’école donne à l’élève « des habitudes démocratiques : prendre des décisions ensemble, s’y tenir, mener des projets jusqu’au bout, être capable de résoudre des conflits sans violence, accepter d’aider les autres et d’être aidé dans son travail, s’entraîner pour apprendre avec des amis, lire attentivement et comprendre clairement avant de se prononcer sur un texte ».
Face à des « élèves fatigués » et à des « parents excédés », Véronique Decker tient bon : « Il faut garder l’espoir, et tâcher d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple. »

Jean-Luc Porquet