Le blog des éditions Libertalia

Une belle grève de femmes dans L’Anticapitaliste

mardi 27 juin 2023 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans L’Anticapitaliste, juin 2023.

Au commencement était ce peuple de femmes, arrimées à la « fritur », les sardineries de Douarnenez. La plupart sont femmes, sœurs, filles de pêcheurs et nombre d’entre elles les ont vus périr en mer. Autant dire que ces femmes sont, encore plus qu’ailleurs, celles sur qui tout repose.
Dès 10 ou 12 ans, elles sont enrôlées, cachées car c’est interdit, mais comment faire autrement, avec les salaires de misère ! Taillables et corvéables à merci, le travail c’est quand débarque le poisson, quelle que soit l’heure, et jusqu’à ce que toute la pêche soit étêtée, vidée, lavée, frite, rangée dans des boîtes, elles-mêmes serties… Si cela doit être la nuit, si cela doit durer dix heures, douze heures, ou plus, beaucoup plus, sans dormir, avec les pauses réduites à leur plus simple expression…
Un jour, ça explose ! Elles arrêtent tout ! C’est alors l’avènement des femmes de Douarnenez, l’émergence de la force collective de ces prolétaires qui s’ignoraient et qui s’apprennent à exister : « Écoutez l’bruit d’leurs sabots / Voilà les ouvrières d’usine / Écoutez l’bruit d’leurs sabots / Voilà qu’arrivent les Penn Sardin » !
Ce livre, c’est leur histoire ! L’histoire d’une grève de femmes en sabots, à la pointe de la Bretagne. L’histoire de la grève, son organisation, les manifestations quotidiennes dans les rues et les venelles de la ville, face à la mer, en plein hiver — et l’hiver de Douarnenez… — l’engagement total de toute la population, la solidarité ouvrière, les soupes populaires servies chaque jour, avec le soutien des paysans… et c’est aussi l’histoire d’une victoire totale face à un patronat de combat, finalement désavoué par tous, y compris le préfet ! 
C’est aussi en 1924 l’engagement du Parti communiste qui envoie des cadres pour soutenir la grève – Charles Tillon, Lucie Colliard, Cachin passeront par là – et qui donne un retentissement national à la lutte, organise de très importantes souscriptions. La mairie communiste sert de base arrière à la grève, et c’est là que sera élue la première femme conseillère municipale de France, Joséphine Pencalet – mais c’est une autre histoire. Chronique (à lire en écoutant la chanson) dédiée aux grévistes de Vertbaudet !

Vincent Gibelin

Dix questions sur le syndicalisme dans Siné Mensuel

jeudi 15 juin 2023 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Siné Mensuel, mai 2023.

Marie Couette est le nom, romanesque, de celle qui fut nommée en 1945 à la tête de la commission féminine confédérale au sein de la CGT afin de rendre visibles les travailleuses dans les structures syndicales. Employée des PTT (Postes, télégraphes et téléphones), elle fut parmi les premières à œuvrer pour l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes, tout comme Lucie Colliard, vingt ans auparavant, au sein de la CGTU (Confédération générale du travail unitaire), à visée révolutionnaire, fondée dans le sillage du congrès de Tours (1920). Ces histoires surgissent dans le petit livre noir et rouge de Guillaume Goutte, Dix Questions sur le syndicalisme (Libertalia), lequel vient à point nommé pour les grévistes qui ont découvert dans la rue, avec la privatisation annoncée des retraites, la joie de trinquer au cul d’un camion de la « cégète » ou de chanter L’Internationale sous le grand drapeau de la CNT. Le syndicalisme est-il dépassé ? Qu’est-ce que la grève générale ? L’auteur, correcteur et figure de la CGT-Livre, vous répond, tout en retraçant les grandes heures du syndicalisme et le combat de Marie Couette.

A. C.

Dix questions sur le syndicalisme dans Le Monde des livres

vendredi 9 juin 2023 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Le Monde des livres, le 9 juin 2023.

« Il n’était pas question pour moi de tenter une approche impartiale du syndicalisme », écrit Guillaume Goutte au début du petit livre qu’il consacre à l’histoire et aux perspectives des syndicats français. Correcteur au Monde, il est en effet adhérent de la CGT et exerce des responsabilités au Syndicat général du livre et de la communication écrite, engagement qui explique, bien sûr, le caractère très personnel de ce texte intense mais aussi, sans doute, la connaissance profonde dont il témoigne. Car, au-delà des réponses qu’il apporte à une série de questions – « la grève est-elle le seul moyen d’action du syndicalisme ? »« le syndicalisme est-il dépassé ? »… –, comme de sa portée militante, il recèle nombre de faits, de réflexions, de savoirs éclairants sur une tradition de lutte pour et par l’autonomie des travailleurs dont il montre, par là même, la richesse.

Clément Méric, une vie, des luttes sur Ballast

mardi 6 juin 2023 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié sur le site Ballast, le 5 juin 2023.

Il y a dix ans,
Clément Méric
était assassiné par l’extrême droite

Les faits sont connus : le 5 juin 2013, Clément Méric, 18 ans, meurt dans une rue parisienne suite aux coups portés par un militant d’extrême droite, membre du groupuscule néofasciste Troisième Voie. C’était il y a tout juste dix ans. Clément faisait alors partie de l’Action antifasciste Paris-Banlieue et militait au sein de Solidaires Étudiant·es. Il s’était installé dans la capitale quelques mois plus tôt, après une enfance passée à Brest. Dans l’ouvrage collectif Clément Méric. Une vie, des luttes, publié aux éditions Libertalia, ses proches reviennent sur le parcours intellectuel et militant du jeune homme, d’une incontestable précocité, avant de faire le récit d’une journée tragique et de ses conséquences judiciaires, médiatiques, politiques. Et de rappeler ensemble : se souvenir de la mort de Clément Méric, c’est poursuivre le combat antifasciste auquel il a pris part. Restons vigilants : l’extrême droite a tué et continue de le faire. En guise d’hommage, nous publions les premières pages de ce livre. [...]

Lire l’article complet sur www.revue-ballast.fr

Clément Méric. Une vie, des luttes dans Libération

samedi 3 juin 2023 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Libération du 3 juin 2023.

Dix ans de la mort de Clément Méric :
un livre pour penser les plaies

Dans un livre touchant et politique, entre portrait, enquête et archives, les proches de Clément Méric racontent celui qu’ils ont perdu, « martyr qui n’a pas donné sa vie mais à qui on l’a volée ».

« En regardant mon affiche pour le débat sur les crimes racistes et sécuritaires, et l’en-tête – il y a vingt-six ans, Malik Oussekine –, je trouvais qu’il y avait une certaine hypocrisie à commémorer des meurtres comme celui de Malik Oussekine juste à cause des circonstances, alors que la plupart des morts ne nous font ni chaud ni froid, enfin, qu’on fasse semblant de regretter la personne lors des commémorations alors qu’on ne s’intéresse qu’aux causes, à juste titre. » La phrase est de Clément Méric. C’était il y a dix ans ; quelques jours avant sa mort. Aujourd’hui, un livre tout entier lui est consacré. Clément Méric : une vie, des luttes (éditions Libertalia). Un travail collectif. Les siens au sens large (familles, camarades de luttes, potes, anciens profs, voisins, etc.) prennent le temps de le décrire. Chacun à sa manière. On retombe à chaque fois sur le même gars, une tête dure « sensible à l’exigence ».
Clément Méric : une vie, des luttes mêle le portrait, l’enquête et les archives. Il revient sur ce foutu 5 juin 2013, le jour de son agression, en racontant les crânes rasés racistes, la violence, l’absurde, la folie, le choc et la lâcheté. Les auteurs n’oublient pas les lendemains. Comment vivre et lutter après la mort ? Un de ses potes répond : « Ce n’est pas normal de perdre un pote à 20 ans, mais en plus, très vite on est dépossédés du deuil, y compris par des gens qui pensent bien faire, des camarades. C’est compliqué de porter un regard politique assez distancié sur un truc qui nous regarde aussi directement. Quand je repense à la cérémonie, aux manifs à Brest, je me dis qu’on avait quand même réussi à faire des choses qui avaient de la gueule. Le deuil, c’est toujours compliqué, mais il y avait une espèce d’équilibre entre l’intime et le politique. »
Clément Méric a grandi en Bretagne, à Brest. Il vivait avec ses parents près de la place Guérin, un haut lieu de la gauche alternative. Il rôdait dans un bar autogéré où se réunissaient des jeunes libertaires. « Il a trouvé là un modèle radical et exigeant. Ces militants dénonçaient toutes formes de discriminations et de dominations. Surtout, ils vivaient en conformité avec leur idéal d’une société plus solidaire, plus juste, plus frugale, privilégiant les échanges non marchands », écrivent ses parents.
On le voit évoluer au fil des pages. Son adhésion à la CNT, sa musique, sa méningite aiguë qui lui mène la vie dure, son arrivée à Sciences-Po Paris et ses combats. Ses parents poursuivent un peu plus sur lui : « Clément avait 18 ans lorsqu’il a été tué, il mesurait 1 mètre 80 et pesait 66 kilos, un gabarit somme toute moyen. »
Ce livre replace sous la lumière un jeune gars qui manque aux siens : il permet également de pointer du doigt la dangerosité d’un ennemi fasciste qui grapille chaque jour du terrain. Un ouvrage touchant et politique. Les auteurs précisent au début du livre : « Dans ériger de culte à un héros qui n’en était pas un, à un martyr qui n’a pas donné sa vie mais à qui on l’a volée, nous devons évoquer ce que la mémoire de Clément peut apporter, parce que les luttes continuent. »

Rachid Laïreche