Le blog des éditions Libertalia

"Sans Papiers"

mardi 22 septembre 2009 :: Permalien

« SANS PAPIERS » - Des Sans-Papiers témoignent
Adaptation scénique du document "Feu au Centre de rétention" (lien).

Texte du communiqué :

Il s’agit du texte intégral des communications téléphoniques échangées entre l’intérieur et l’extérieur du Centre de Rétention de Vincennes, de Janvier à Juin 2008.
Le 21 Juin 2008 mourait Salem Souli à l’intérieur de ce Centre de Rétention.
Cette mort provoquait un mouvement de révolte qui, suite à de nombreuses semaines de troubles et de grèves de la faim, aboutissait à l’incendie du Centre de Rétention de Vincennes.

Le spectacle est interprété par les élèves du Lycée ZEP Maupassant de Colombes.
Il a été monté dans le cadre des Contrats Urbains de Cohésion Sociale de la Ville de Colombes.

Nous serons heureux de vous recevoir à cette représentation qui aura lieu à :
la Coordination des Intermittents et Précaires
14/16 quai de Charente, Paris (XIX)
le 25 Septembre 2009 à 20 heures 30.

Une histoire populaire de l’empire américain

vendredi 18 septembre 2009 :: Permalien

Judicieuse idée que cette traduction de l’adaptation graphique du best-seller du nord-américain Howard Zinn. En quelque 300 pages, ce travail résume la pensée exprimée dans L’Histoire populaire des États-Unis (Agone) comme dans L’Impossible Neutralité (Agone), son autobiographie d’historien et de militant. Du massacre des Sioux à Wounded Knee (1890) à l’occupation de l’Irak, Howard Zinn, infatigable contempteur de l’injustice, montre que le fil rouge guidant la politique états-unienne reste la recherche du profit et la politique des zones d’influence, développée naguère sous le nom de « big stick » (i.e du « gros bâton » pour les récalcitrants). En dépit d’une certaine naïveté du dessin, de quelques longueurs parfois ou d’ellipses (les interventions américaines à Cuba ou au Chili ne sont même pas abordées), cette bande dessinée vaut d’être acquise. Un ouvrage qui se hisse presque au niveau des reportages en Palestine de Joe Sacco ou du manga pacifiste Gen d’Hiroshima, également édités par Vertige Graphic. La première édition est déjà épuisée.

Une histoire populaire de l’empire américain.
Howard Zinn, Mike Konopacki, Paul Buhle, Vertige Graphic, 290 pages, 22 €.
 Disponible dans notre librairie en ligne.

Carnets d’Iran 8

jeudi 23 juillet 2009 :: Permalien

Mercredi 22 juillet.
C’est probablement la dernière fois que j’écris d’Iran. Je suis à l’aéroport de Shiraz, mon avion décolle dans trente minutes. Je serai à Téhéran dans moins de deux heures ; Milad, l’un des Iraniens rencontrés à l’aller, vient me chercher au terminal. Je vais profiter de la journée pour faire quelques courses et discuter encore un peu avec la population dont le chaleureux accueil m’a véritablement touché. Sauf imprévu, je devrais être à Paris demain en fin de matinée. Au tout début de mon récit, il y a douze jours, j’ai annoncé que l’Iran était une puissance régionale, je vais développer brièvement cet aspect. Il s’agit d’abord d’une grande puissance géographique avec une forte population (70 millions d’habitants). C’est également le quatrième producteur mondial de pétrole et de gaz, même si ces richesses sont mal exploitées. L’Iran exerce depuis la révolution islamique de 1979 une sorte de concurrence avec la monarchie saoudienne et l’Égypte. Le pays peut compter sur le soutien sans faille du Hezbollah au Liban. Créé en 1982, le mouvement chiite de Nasrallah est armé et financé par le régime iranien. En Palestine, l’Iran soutient également le Hamas, pourtant sunnite. En Irak, l’Iran s’appuie sur une partie des chiites et sur les milices de Moqtada Al-Sadr. Enfin, la Syrie est un allié. L’Iran est également une puissance qui compte en Asie centrale, en particulier en Azerbaïdjan et en Afghanistan. Elle est enfin l’alliée de la Russie (le principal vendeur d’armes) et de la Chine. Étant dans un lieu public, soumis aux questions de mes voisins, je ne peux me permettre de développer davantage…

N.N.

Carnets d’Iran 7

mercredi 22 juillet 2009 :: Permalien

Femmes d’Iran

Mardi 21 juillet 2009.
En Iran, l’après-midi, à l’heure où le soleil devient accablant, la vie semble cesser : les rues se désertifient, les boutiques baissent le rideau de fer, les administrations fonctionnent au ralenti. J’en profite généralement pour rentrer à l’hôtel et lire ou dormir. En allant prendre la clé de ma chambre il y a quelques minutes, j’ai assisté à une scène cocasse : la réceptionniste recoiffait la mèche de cheveux qu’elle laisse dépasser de son voile. Surprise, elle s’est mise à rire. Cela fait douze jours que je suis dans ce pays et je commence à entrevoir la place de la femme iranienne. Disons pour commencer qu’elles sont plurielles. Urbaines ou rurales, actives ou restant au foyer, modernes ou conservatrices, instruites ou non… Contrairement aux femmes d’Arabie Saoudite (à quelques centaines de kilomètres au sud), les Iraniennes ont le droit d’exercer tous les métiers. Elles conduisent (j’ai même croisé des taxis exclusivement réservés aux femmes), elles étudient (52 % des 2,5 millions d’étudiants sont des femmes, mais la proportion de doctorantes est bien plus faible), mais on ne les voit pas dans les cercles politiques. Plus qu’ailleurs, l’absence de distinction entre les sphères séculières et spirituelles barre la route aux femmes. Pour être un représentant du peuple, la barbe et la testostérone s’imposent. Depuis les débuts du régime, à force de luttes féministes (le terme est revendiqué), la condition de la femme s’est améliorée : l’âge légal du mariage a été repoussé de 9 à 13 ans ; la natalité, fortement encouragée pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988) a baissé (le nombre d’enfants par femme est descendu de 7 à 2), mais la mixité n’est toujours pas appliquée. Les garçons et les filles vont dans des écoles distinctes. La jeunesse hante les centres commerciaux, les parcs et les avenues dans l’espoir d’une rencontre. Le port du voile est obligatoire dès l’âge de 9 ans. Dans les familles conservatrices, cette pratique semble débuter encore plus tôt. Certaines femmes, les plus nombreuses, portent le tchador (littéralement la « tente » en farsi), un voile noir qui couvre intégralement le corps, ne laissant apparaître qu’un bout de visage, les mains et les pieds. D’autres portent le maqna’e, un châle qui recouvre seulement la tête et qui peut être d’une autre couleur que le noir, même si celle-ci reste la plus répandue. Ce sont les jeunes femmes d’Ispahan et de Téhéran, issues de milieux sociaux plus aisés, ayant toutes suivies un cycle universitaire, qui sont les plus libérales en matière de port de voile. Habillées en jean et chaussées de tennis, leurs voiles (rouge, bleu ou or) couvrent à peine un tiers de leurs chevelures. Un jour, les femmes iraniennes pourront choisir si oui ou non elles souhaitent porter le voile et ainsi disposer de leur propre corps. Ce jour-là se rapproche, j’en ai la conviction.

N.N.

Carnets d’Iran 6

mardi 21 juillet 2009 :: Permalien

Que reste-t-il de Persépolis ?

Lundi 20 juillet 2009.
Absorbé par la lecture de Moby-Dick, happé par la descente aux enfers du vieil Achab face à l’immense cachalot blanc, je n’ai guère eu le courage de rédiger mes péripéties ces trois derniers jours. Mais je n’ai pas chômé. Ayant quitté Ispahan vendredi, je me suis rendu dans la vieille cité de Yazd, en plein cœur du désert. En dépit d’un hôtel véritablement miteux, j’ai pu visiter quelques beaux édifices religieux et discuter avec des Iraniens qui m’ont semblé plus conservateurs qu’ailleurs. Une huitaine d’heures de bus plus tard (loué soit Melville !), j’arrivais à Shiraz où je compte pour ainsi dire achever mon périple persan. Je dois avouer que je commence à saturer un peu de ce pays où il n’existe aucun bar, où même les salons de thé se font rares, comme s’il fallait réduire au maximum les possibilités de rencontre, donc de débat entre les gens. C’est à Shiraz que je croise le plus de touristes occidentaux, venus comme moi pour visiter Persépolis. Eh bien, j’en reviens ! Suis-je blasé au terme de quinze étés à courir le monde ? Ce site, qui accuse l’âge vénérable de 2 530 ans, est certes majestueux, magnifiquement situé au pied de montagnes arides, mais il m’a moins marqué que Pétra ou Palmyre. Il faut dire qu’il n’en reste plus grand-chose. En mai 330 av. J.-C., Alexandre, ce stratège hors pair, brûla la capitale de l’Empire achéménide avant de s’imposer, de facto, comme l’héritier de Darius le Grand. En venant à Persépolis, je ne peux n’empêcher de penser au film 300, adapté de la bande dessinée éponyme de Frank Miller, un film presque raciste qui chante la bravoure du roi Léonidas et des soldats spartiates tout en donnant une bien piètre image de l’immense souverain « oriental » Xerxès. Réminiscences de l’histoire ethnocentrée écrite par les Grecs de l’âge classique ? Ce sont justement les tombeaux de Darius, Xerxès, Artaxerxès et Darius II, grandioses mausolées bâtis à même la roche des monts, à quelques kilomètres de Persépolis, qui m’auront impressionné ce jour.

Bon, je vous laisse, il est 17 h 30, les boutiques vont rouvrir et la vie - rythmée par les températures - va reprendre.

N.N.