Éditions Libertalia
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jeudi 7 avril 2022 :: Permalien
Publié dans Cause commune (mars 2022).
Dans un ouvrage d’une remarquable rigueur, l’historien Richard Vassakos décortique le montage démagogique avec lequel Robert Ménard, maire ultra-droite de Béziers, s’emploie à pervertir l’histoire.
Béziers, historiquement classée à gauche, cité industrielle sinistrée, a glissé depuis les années 2000 vers une droite de plus en plus dure au point d’élire comme maire en 2014, puis de réélire au premier tour en 2020, Robert Ménard, clairement marqué à l’extrême droite. Béziers est ainsi devenue pour ce politicien manipulateur un véritable terrain d’expérimentation. Il y dispose en effet de tous les moyens : possibilité de prendre la parole où il veut, quand il veut, la presse municipale et autres moyens de publication, action pour transformer les lieux, célébrations multiples… Il en use pour mettre en place un système qui instrumentalise l’histoire dans un cadre idéologique ultra réactionnaire. L’homme est capable. Journaliste formé par Reporters sans frontières, essayiste, il utilise l’histoire en tant qu’outil pour servir sa vision politique et la projeter très largement au-delà de sa ville.
Un repère absolu, la France, fille aînée de l’Eglise
Adepte, comme malheureusement quelques autres, de la thèse du grand remplacement et de la vision de la France comme une nation exclusivement chrétienne, il use avec délectation de simplifications, caricatures, déformations, omissions, allant jusqu’à utiliser en les détournant de leur vérité des figures aussi emblématiques que Jaurès ou Jean Moulin. Ne considérant l’histoire que pour servir sa vision politique, il n’hésite pas à vilipender les historiens dont c’est le métier et qui fondent leur action sur d’authentiques moyens de recherche. Pour lui ce sont des absolutistes issus de mai 68 qui ne « sont pas attachés à la rigueur de la démarche historique, ils font de la politique ». On ne saurait mieux attribuer aux autres sa propre perversité. Au cœur de ses arguments une affirmation qui dit tout : « le christianisme est un élément culturel constitutif de l’identité française ». On ne peut détailler ici tous les éléments précis et concrets qu’a recensés et finement analysés Richard Vassakos dans cet ouvrage. Il faut le lire.
Yvette Lucas
lundi 28 mars 2022 :: Permalien
Publié dans Le Monde des livres du 24 mars 2022.
Biographie. Les historiens retracent l’essentiel d’une trajectoire fulgurante, qui mena le jeune joueur du Red Star à la mort sous les balles allemandes en 1944.
Insaisissable ailier droit dans les stades de la banlieue parisienne des années 1940, Rino Della Negra (1923-1944) semble presque aussi difficile à cerner pour ses biographes. Quelques traces éparses, issues des archives policières et familiales, permettent pourtant à Dimitri Manessis et Jean Vigreux de retracer l’essentiel d’une trajectoire fulgurante, qui conduisit le jeune ouvrier d’origine italienne dans les rangs de la résistance communiste, puis à la mort sous les balles allemandes, avec ceux de l’Affiche rouge, le 21 février 1944, après le démantèlement de leur groupe des Francs-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI). Il avait 20 ans, et quinze actions armées à son actif, dont l’attaque à la grenade du siège parisien du parti fasciste italien en juin 1943, alors même qu’il continuait à briller sur les terrains, rejoignant cet automne-là les couleurs du Red Star de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
À travers ce portrait, et en dépit d’incertitudes difficiles à lever sur les conditions exactes de son arrestation, tout un pan d’histoire est retracé, celui de la communauté italienne d’Argenteuil (Val-d’Oise), imprégnée par l’antifascisme et les luttes sociales au temps du Front populaire, puis celui du combat clandestin, et de sa vulnérabilité face à la traque redoutablement efficace de la police française et des autorités d’Occupation. Un engagement lumineux dont les deux historiens retracent la portée mémorielle, intense après 1945 et toujours vive. Ils en montrent même la croissance à l’échelle locale, dans des milieux à la fois supporteurs et militants, où Rino Della Negra est devenu presque une icône, associant la générosité du jeu au courage des convictions.
André Loez
vendredi 25 mars 2022 :: Permalien
Publié sur Toutelaculture.com, le 25 mars 2022.
Les éditions Libertalia publient Kate Millett, pour une révolution queer et pacifiste, de Marie-Hélène Dumas. Une biographie de Kate Millett qui rend compte des différentes facettes de l’autrice de Sexual Politics.
Kate Millett et sa lutte féministe
La thèse de Kate Millett Sexual Politics, qui étudie des auteurs comme Norman Mailer et Arthur Miller à l’aune de ce que l’on appellera plus tard les gender studies, fut une première révolution. L’originalité de l’approche de la militante féministe est en effet de mettre en lumière le fait que ces écrivains, réputés subversifs, s’inscrivent en réalité dans la tradition patriarcale. Lectrice de Beauvoir, mais aussi de Genet, Kate Millett milite pour de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes, où les aventures amoureuses ne soient pas brandies comme de simples trophées, attestant de la virilité conquérante des hommes.
Si elle rejoint pour cela de nombreux mouvements féministes américains, l’autrice est également sensible à une dimension particulière de son propre rapport aux femmes, son homosexualité. Pionnière dans la reconnaissance de l’homosexualité, elle se heurte alors, non seulement au rejet des conservateurs, mais aussi à celui d’autres militantes, qui l’accusent de mettre à mal, par son coming out, la quête de légitimité du mouvement féministe.
Au cœur de Kate Millett
L’un des intérêts majeurs de cette très jolie biographie est donc de lever le voile sur les dissensions internes au mouvement féministe américain de l’époque. A travers le personnage de Kate Millett, dont nous suivons les espoirs et les doutes, c’est toute une histoire des idées féministes qui est retracée. S’appuyant avec précision sur les propres témoignages de la militante, mais aussi sur des échanges avec ses anciennes camarades de lutte, cette biographie nous plonge au cœur du personnage. Les notations sur sa vie privée évitent toutefois l’écueil de l’anecdotique en ce qu’ils intègrent cette figure à un panorama plus large des rapports de forces induits par le patriarcat. A titre d’exemple, le récit de ses nombreuses dépressions et de ses passages en hôpital psychiatrique sont l’objet d’une réflexion sur l’usage répressif de la psychiatrie.
Autre apport de cette petite biographie : la mise au jour de l’activité artistique de Kate Millett. Plasticienne infatigable, ses nombreuses installations font la part belle à la cage, métaphore de l’enfermement des femmes. Des photographies, à la fin de l’ouvrage, permettent une première découverte de cet aspect méconnu de la militante féministe.
Julia Wahl
jeudi 24 mars 2022 :: Permalien
L’émission Un jour dans l’histoire du 23 mars 2022, sur La Première de la RTBF, présente Rino Della Negra, footballeur et partisan.
« Nicolas Buytaers revient sur cette vie pas comme les autres en compagnie de Dimitri Manessis, docteur en histoire, et Jean Vigreux, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bourgogne Franche-Comté qui ont publié « Rino Della Negra, footballeur et partisan » aux éditions Libertalia ! »
jeudi 24 mars 2022 :: Permalien
Publié dans Télérama Sortir n° 3767, 23 mars 2022.
LU ET APPROUVÉ
« Poussières d’or. Rock’n’roll angels »
Raphaël Rinaldi est un photographe qui documente la scène rock underground et organise des concerts dans des bars montreuillois. Sa sensibilité « rock’n’rollienne » est aussi poétique qu’électrique. La preuve avec ce beau livre qui fait s’envoler des musiciens transformés en anges, équipés d’ailes en cordes de piano. Ils posent sur les toits de Paris, notamment celui du cinéma Louxor, où les photos sont exposées. Les textes sont signés Baudelaire ou Dominique A et sont mis en musique, sur le CD joint, par Manu (ex-Dolly). On aime beaucoup cette envolée lyrique qui fait prendre de la hauteur à la rock’n’roll attitude.